Bientôt un village Alzheimer en France ?

par
Laura
Temps de lecture 3 min.

Fondé aux Pays-Bas en 2009, le premier "village Alzheimer" au monde propose une vie "comme à la maison" à ses 152 résidents, tous atteints de démence sénile ou de la maladie d'Alzheimer à un stade avancé.

Le projet pourrait également voir le jour chez nos voisins français. Selon Direct Matin, l'endroit pourrait ouvrir ses portes dans les Landes en 2017 et n'attendrait plus que l'aval de l'Etat. Le projet serait ainsi en développement depuis janvier 2014, grâce à la collaboration du département et de l'Agence Régional de la Santé.

Comme à la maison

Hogeweyk, dans la région d'Amsterdam, ressemble à s'y méprendre à un banal village néerlandais : on y trouve un café, une supérette, un restaurant, un centre d'activités et même un parc. Pourtant, ce hameau d'un hectare et demi aux ruelles fleuries est "un quartier de soins", un centre d'accueil spécialisé pour les personnes souffrant, à un stade avancé, de démence sénile. Son but? Que les patients puissent y "habiter et y vivre comme à la maison".

Ceux-ci, au nombre de 152, résident dans 23 habitations comptant six ou sept chambres chacune. Ils peuvent choisir la décoration de la maison et leurs activités en fonction de leurs habitudes et de leurs goûts. Les résidents font leurs courses, accompagnés d'une aide-soignante, regardent la télé tard dans la soirée, vont boire des verres au café, jouent au bingo... Les experts sont enthousiastes : "la chose la plus unique au sujet d'Hogeweyk, c'est que ce projet donne aux personnes le sentiment d'être à la maison et que cela respecte leur identité", assure à l'AFP Claudia Lemmens, de l'ONG Recherche Alzheimer internationale. "Quand vous ne pouvez plus rester chez vous, ce projet permet de recréer ce sentiment d'être à la maison", ajoute-elle.

Pour Jurn Verschraegen, directeur du centre d'expertise flamand pour la démence, en Belgique, "le projet d'Hogeweyk est fantastique". "Cela signifie que ces personnes peuvent vivre une vie aussi normale que possible", assure-t-il à l'AFP. Pour le groupe Vivium, qui gère le quartier, "la liberté est une composante essentielle de la qualité de vie et à Hogeweyk, la personne souffrant de démence sénile peut vivre cette liberté en toute sécurité".

Intégrés dans la société

La familiarité des lieux, des autres résidents, des activités permet de diminuer la confusion, l'angoisse et la colère chez les patients, et donc leurs médicaments, assure le groupe sur son site internet. Les familles "sont toujours les bienvenues" dans les différentes maisons et peuvent participer à la vie quotidienne, assure également Vivium. "Il y a quand même quelques observation à faire : quand vous visitez, vous avez un peu le sentiment de passer la frontière entre le monde 'normal' et le 'monde de la démence'", ajoute M. Verschraegen : "il faut rester vigilent que ces personnes ne soient pas traitées de manière séparée de la société".

Pour Vivium, le théâtre, le café et le restaurant, ouverts au non-résidents, ainsi que les activités, organisées avec l'aide de bénévoles, font justement en sorte que les résidents et non-résidents se mélangent. Si Hogeweyk a un prix élevé, celui-ci est en grande partie remboursé par la sécurité sociale, à hauteur des revenus de la famille. Pour le projet français, il nécessiterait un investissement de près de 23 millions d'euros. Les résidents, eux, devraient alors débourser environ 60 euros par jour, soit 1800 euros mensuel, comme l'explique Direct Matin.