François Weerts: Totalement rock'n roll

par
Laura
Temps de lecture 3 min.

François Weerts a un profond amour pour Bruxelles, et on le ressent dès les premières pages de son roman «Le Chagrin des cordes». Sur fond musical, l'écrivain belge nous plonge dans un thriller hors du commun.

Vous situez votre intrigue entre génocide rwandais, espionnage industriel et la Stasi. Un peu complexe, non?

«Un peu, oui (rires). La première chose, c'est cette lettre que reçoit Antoine Daillez d'un très vieil ami, Gilles, dont on se souvenait être un guitariste hors pair mais qui est devenu ouvrier dans une usine. Cette lettre fait état de malversations et de combines autour de l'usine qui l'emploie et il demande à Antoine d'enquêter. Ce qui l'ennuie dans un premier temps mais il finira quand même par enquêter, d'autant plus que son ami trouve la mort. Antoine s'intéresse de plus en plus à l'usine, Forgibel. Cette usine a, dans son passé, fabriqué des outils agricoles telles que des machettes. Mais une livraison au Rwanda a eu lieu quelques mois avant le génocide. Antoine se demande si l'usine connaissait la destination réelle de ces machettes.»

C'est votre deuxième roman avec ce personnage, Antoine Daillez. Pourquoi?

«Je l'aime bien! Parce que j'aime bien son attitude un peu dilettante dans la vie. Ce n'est pas quelqu'un d'extraordinairement actif. Il n'est pas non plus un anti-héros. Mais je voulais que mon personnage ne soit pas agressant, dynamique, énergique. Il est un peu lent, il flotte un peu au fil des événements.»

Comme vous, il est un ancien journaliste. Qu'avez-vous d'autres en commun?

«Ce n'est pas une autobiographie. Mais peut-être que je lui ressemble dans cette manière de ne pas être très actif, je dirais. Le fait qu'il soit un peu indolent. La vie va comme elle vient, on la prend comme elle vient.»

Pourquoi avoir décidé de vous lancer dans l'écriture de romans?

«C'était un très vieux rêve mais c'est difficile d'oser se l'avouer, de prendre les choses à bras-le-corps et d'y aller. Quand on est journaliste, on a toujours ce souci d'écriture efficace, rapide, informative et surtout concrète. Et quand on se lance dans un roman, c'est tout sauf concret.

L'exercice était-il plus difficile?

«Je ne vois pas différence énorme contrairement à ce que je viens de dire. Je croyais que ça allait être totalement différent mais finalement, on écrit aussi pour un lecteur avec un objectif précis, pour qu'il trouve du plaisir. Il faut aussi que soi-même on s'amuse, qu'on s'y intéresse. Comme j'écris des polars bien ancrés dans la société, il y a en quelque sorte l'œil du journaliste.»

On retrouve, dans votre roman, beaucoup de descriptions de Bruxelles et ses communes ainsi que de la belgitude.

«Je considère vraiment Bruxelles comme ma ville. De plus, je ne peux pas m'imaginer écrire sur une ville que je ne connais pas, comme Stockholm ou New York. Puis, rares sont les polars qui se passent à Bruxelles alors que cette ville est un théâtre parfait pour ce genre.»

En quelques lignes

Antoine Daillez, un ancien journaliste, reçoit une lettre d'un vieil ami, accompagnée d'un vinyl de Sticky Fingers des Rolling Stones. Gilles, dit «Gil le rockeur», y expose ses soupçons de malversations au sein de l'usine pour laquelle il travaille et demande à Antoine d'enquêter. Pas très enthousiaste à l'idée, l'ancien journaliste va pour finir s'intéresser de plus en plus à l'usine Forgibel, surtout depuis que Gilles trouve la mort à la suite de ce que les policiers qualifient de cambriolage. Les morts s'accumulent et le passé de l'usine s'avère être douteux. Mais en fait, pourquoi Gilles a-t-il arrêté la musique alors qu'il était un guitariste talentueux? Quel lien y a-t-il entre lui et la RDA? Entre le génocide rwandais et l'usine Forgibel? Dans ce thriller ancré dans les rues de Bruxelles, le lecteur a tout intérêt à s'accrocher car il pourrait très vite s'y perdre. L'intrigue est complexe et passe d'un sujet à un autre. Mais le dénouement en vaut la peine. C'est un beau pari de la part de la nouvelle maison d'édition Delpierre. (mh)

«Le chagrin des cordes», de François Weerts, éditions Delpierre, 333 pages, 20€ 3/5