Avant même la sortie de l'Apple Watch, les imitations chinoises prospèrent déjà

par
ThomasW
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L'Apple Watch sera commercialisée à partir de vendredi dans le monde entier, mais en Chine des usines tournent déjà à plein régime pour proposer des montres connectées concurrentes, sous des marques locales et à des prix bien moins onéreux, pour le plus grand plaisir des geeks chinois. Sur un site industriel de Shenzhen, dans le sud du pays, l'entrepreneur Zheng Yi, 38 ans, estime que les produits de sa petite firme, YQT Electronics, soutiennent largement la comparaison avec ceux du géant californien. "Nos montres ont toutes les fonctionnalités de l'Apple Watch, et même les surpassent!", assure-t-il, soulignant que ses bracelets, équipés du système Android, permettent de téléphoner, de naviguer sur internet et même de visionner des films. "Cela fait huit ans que nous travaillons sur ces "montres intelligentes", bien avant Apple!", indique M. Zheng à l'AFP.

Sur les lignes de production de YQT Electronics, des ouvriers en chemises bleues et chaussés de sandales s'activent pour assembler, coller et visser les éléments les montres high tech, dans un silence seulement troublé par les bip-bips des bracelets testés en fin de chaîne. Une centaine d'employés produisent ainsi 2.000 montres connectées par jour, et la firme de M. Zheng écoule plus de 50.000 unités par mois, relate l'entrepreneur. On est très loin des estimations faramineuses avancées pour l'Apple Watch, évoquant 7 millions de pré-commandes dans le monde, avant une commercialisation en magasin débutant ce vendredi.

Boom des imitations bon marché

Les iPhones, smartphones-phares de la marque à la pomme, sont immensément populaires sur le marché chinois. Et les analystes y anticipent un succès éclatant pour l'Apple Watch, misant sur le désir des consommateurs chinois d'arborer à leur poignet ce marqueur de statut social. Mais la montre d'Apple sera proposée à 2.588 yuans (395 euros), tandis que ses alternatives locales sont déjà commercialisées à des tarifs six fois moindres... et répondent à une demande vorace. "L'Apple Watch est certainement magnifique, mais nous sommes plus rapides pour livrer nos commandes, et surtout nous sommes moins chers", insiste Zheng Yi. Qui confie en même temps se frotter les mains de l'arrivée de l'Apple Watch, car cela attire l'attention du public sur les montres connectées en général.

D'ores et déjà, les copies pirates de l'Apple Watch --affichant exactement le même écran tactile avec des icônes similaires-- se bousculent sur les éventaires d'un marché électronique, dans le quartier de Huaqiangbei à Shenzhen. "Voulez-vous une Apple Watch ?" lance un vendeur, tout en admettant rapidement après une brève discussion n'avoir en stock que des imitations locales sans marque. Un autre stand propose les montres de groupes électroniques chinois, qui pour la plupart --à l'inverse de l'Apple Watch-- permettent d'insérer une carte SIM pour accéder aux réseaux télécoms. "Depuis qu'on parle de la montre d'Apple, il y a un regain d'intérêt, les ventes décollent!", se réjouit la vendeuse, appelée Beryl.

Devenir 'un Steve Jobs chinois'

Ce n'est sans doute pas un hasard: la plupart des fabricants de montres connectées version chinoise sont concentrés dans la province du Guangdong (sud), là où sont précisément implantés depuis une décennie les fournisseurs d'Apple. Les start-up locales peuvent ainsi recruter sur place des talents locaux en matière de conception et de fabrication de composants électroniques. Plusieurs entreprises --c'est le cas de YQT Electronics-- ont par ailleurs choisi de s'associer pour monter des lignes de production communes afin de limiter les coûts et gagner en qualité.

Les employés de l'usine de M. Zheng disent gagner un salaire moyen de 4.000 yuans par mois, pour des journées de 12 heures, six jours par semaine. "J'ai entendu parler d'Apple, mais je ne connais pas grand chose à leur sujet, ils sont tout de même très différents", commente d'un ton mal assuré Tan Lixia, un ouvrier-testeur de 19 ans. Pour Zheng Yi, ses produits n'ont rien à voir avec des copies pirates. "Ce que certains pourraient appeler des copies, je pense pour ma part que ce n'est qu'un processus d'apprentissage, d'absorption des meilleures pratiques et technologies, pour s'améliorer", poursuit-il cependant avec indulgence. L'entrepreneur roule en BMW et joue au golf, mais son bureau, accessible par un monte-charge piqueté de rouille, dans un faubourg industriel poussiéreux, n'évoque pas vraiment la Silicon Valley. Il n'en affiche pas moins ses ambitions: "Je suis capable de passer de l'idée à la production en seulement six mois. Je veux devenir un Steve Jobs chinois. C'est mon rêve."