Dad, ou les bonnes cases d'un père célibataire

par
Nicolas
Temps de lecture 2 min.

Pandora, Ondine, Roxane et Bérénice en font voir de toutes les couleurs à leur Dad adoré. Avec cette histoire de père au foyer, Nob offre à Dupuis une touchante série humoristique familiale.

Être père a-t-il été une inspiration ?

Nob : « Même si ma situation n'est pas la même, il y a des récurrences au fait d'être père. À la base, l'envie était de faire une série pour ma fille. Elle lisait mes autres séries, mais je n'étais pas dans son top 3, qui était ‘Lou', ‘Les Nombrils' et ‘Les Sisters', des séries dites ‘girly'. Je m'étais posé la question de comment parvenir dans son top 3 sans forcément créer une héroïne petite fille ou ado. J'aurais trouvé ça artificiel. »

Vous choisissez donc un héros moderne : le père au foyer…

« Je suis parti du père de famille et j'ai imaginé ma fille à quatre âges différents de sa vie, en me projetant notamment dans son avenir pour Panda. Ondine est celle qui se rapproche le plus de son âge actuel. Quant à Roxane, la sportive, c'était pour faire plaisir aussi à mon fils, qui lui ressemble. Quant à Bébérénice, c'est le plaisir que j'ai eu avec mes enfants quand ils étaient bébés. Si la situation familiale est différente, Dad est un filtre qui me permet quand même de parler de ma vie quotidienne. Même pour le passé de Dad, je repense à qui j'étais. »

Est-ce une série féministe ?

« C'est en effet un démarche consciente. Il y a en effet ce côté féministe. Un homme n'est pas obligé de correspondre à l'idée que l'on se fait de la masculinité. Et idem pour une femme, qui peut ne pas avoir envie d'être maternelle. J'ai toujours dit que j'aurais aimé être enceint de mes enfants. »

Malgré cette volonté, « Dad » reste une série humoristique…

« Je travaille beaucoup sur les dialogues. Quant aux ressorts psychologiques et au développement des personnages, j'essaie de ne pas trop intellectualiser le propos. Je découvre beaucoup de lignes qui ne se dégagent qu'après coup. Mon seul souci est de veiller à ce que l'ensemble soit cohérent. Le plus important pour moi est qu'on croit en mes personnages, qu'ils ne soient pas que des marionnettes à gags. C'est pourquoi je travaille beaucoup leur comportement en retraçant leur passé. Les histoires plus longues permettent de rentrer là-dedans. »

Vous en gardez toutefois sous le coude, sur les mères des filles...

«L'influence des séries télé y est pour beaucoup. Il y a aussi un petit cliffhanger à la fin.»

Nicolas Naizy

En quelques lignes

On avait déjà dévoré les gags chaque semaine dans Spirou, redécouvrir «Dad» en album permet de prendre toute la mesure de cette comédie familiale. Bien plus que cela, les planches plutôt émouvantes sur le pourquoi du comment Dad est devenu ce père célibataire au foyer si attachant font de cette série une sorte de captation de l'air du temps, du bouleversement des schémas familiaux traditionnels. On retrouve au détour des gags réussis de cette série ce qui nous a attachés aussi à la Tamara de Darasse et Zidrou. Le dessin rond et plein de douceur de Nob transforme ses personnages en potes que l'on pourrait croiser à tous les coins de rue et dont on ne se lasserait pas de passer un moment avec eux. (nn)

«Dad - t.1: Filles à papa», de Nob, éditions Dupuis, 48 pages, 9,90€