Six ans de prison pour s'être fait pousser la barbe en Chine

par
Laura
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Six ans de prison pour une barbe. C'est la condamnation que s'est vu infliger un Ouïghour, musulman turcophone, par un tribunal de Kashgar, dans le Xinjiang. Dans cette région musulmane de l'Est de la Chine, l'homme âgé de 38 ans a été accusé d'avoir "provoqué des troubles" en décidant de se laisser pousser la barbe.

Pas de barbe ni de voile

La femme de l'accusé a quant à elle été condamnée à deux ans de prison. Cette dernière "portait un voile masquant le visage et une burqa" alors que son mari "avait commencé à se laisser pousser la barbe depuis 2010", comme le confirme le quotidien. Avant d'être condamnés pour "avoir attisé des querelles et provoqué des troubles", le couple avait déjà été "rappelés à l'ordre à plusieurs reprises".

'Objectif beauté' ou prison

Une condamnation qui s'inscrit dans la lutte des autorités contre des pratiques qu'elles associent, dans les messages officiels, à des "idées extrémistes". Pour les combattre, une vaste campagne, du nom d' "Objectif beauté", a ainsi été lancée depuis plus d'un an dans laquelle les femmes sont invitées à se promener sans voile. Une pratique pourtant répandue chez les Ouïghours, qui constituent la principale ethnie des 22 millions d'habitants de la  région du Xinjiang.

Répression et tension

Selon les autorités judiciaires de Kashgar, "tout un groupe de contrevenants aux règlements (contre) le port de la barbe, du voile et de la burqa" ont ainsi été poursuivis et condamnés depuis le début de cette année, expliquent-ils dans le journal. En avril 2014, les habitants du district de Shaya s'étaient même vu offrir une récompense pour la dénonciation de personnes se laissant "pousser la barbe" ou "se livrant à des activités religieuses illégales".

Une politique répressive qui attise les tensions envers les pratiques des Ouïghours dans la région comme le soulignent les groupes de défense des droits de l'Homme. Des affrontements meurtriers et des attentats auraient ainsi causé la mort de 200 personnes l'an passé. Des événements pour lesquels les "séparatistes" et "extrémistes religieux" avaient été désignés comme responsables.