Nadine Monfils: La dernière aventure de mémé Cornemuse

par
Laura
Temps de lecture 4 min.

Les fans de mémé Cornemuse ne vont pas être déçus. La veille barge revient encore plus timbrée, sous la pétillante plume de Nadine Monfils. L'auteure, sûrement aussi maboule que son personnage, était présente à la Foire du Livre de Bruxelles. Et croyez-nous : dans la vie, Nadine Monfils est aussi folle que dans ses livres !

Ne faut-il pas être un peu maboule soi-même pour écrire « Maboul Kitchen » ?

« Oui et pas qu'un peu (rires) ! Comme beaucoup de Belges, j'ai une certaine folie en moi. Je crois même que si je n'écrivais pas, je serais enfermée. Cette folie, je l'ai dans la vie mais je la canalise grâce à l'écriture. Je suis un peu comme mémé Cornemuse. J'ai un côté très libertaire. Je trouve que c'est essentiel d'être libre dans la vie. »

Pourquoi avoir décidé d'écrire la dernière aventure de mémé Cornemuse ?

« On peut le prendre dans les deux sens. Soit c'est la dernière parmi toutes ses aventures ou soit la toute dernière, je ne sais pas encore. Je pense que c'est bien de partir au moment où l'on sent encore la ‘pétillance' des choses. Je crois qu'il faut toujours quitter une histoire d'amour quand elle est encore belle. »

Si j'ai bien compris, ce n'est peut-être pas le dernier roman avec mémé Cornemuse ?

« Je ne sais pas. Cela va dépendre d'elle. Si elle veut encore me murmurer des choses ou pas. Peut-être qu'elle reviendra… »

Pour sa dernière aventure, elle ne s'est pas assagie.

« Ah non, je l'espère bien ! J'aime quand mes personnages vont très très loin. Je trouve que l'écriture, la peinture, la musique sont des lieux où l'on peut encore gambader en toute liberté. Il ne faut pas se laisser prendre par la peur que l'on est en train de créer autour de nous suite aux événements de Charlie hebdo. Pour moi, les artistes sont le reflet de la société. Ils ont toujours exprimé en amont ce qu'il va se passer. Ils ont souvent une sensibilité à fleur de peau. C'est important de ne pas se mettre de contrainte dans l'art. »

Mémé Cornemuse est toujours aussi cougar, fan d'Annie Cordie et de Jean-Claude van Damme.

« Oui et dans Maboul Kitchen, elle a été internée et elle fiche le camp avec une bande de zinzins. Elle met le grappin sur un mec qui est pété de tunes et elle part avec lui en voyage de noce. Au moment de faire la photo, il tombe. Pas de chance ! Elle va hériter du pactole, à savoir une espèce de manoir qui va virer au boxon et à l'auberge rouge. »

Mémé Cornemuse n'est pas très gentille. Mais dans votre livre, Dieu l'aime bien. Pourquoi ?

« Dieu aime tout le monde par principe. De son petit nuage là-haut, elle le fait marrer. Il faut dire qu'il n'a pas toujours l'occasion de rigoler avec tout ce qui se passe dans le monde. Mais elle, elle le fait rigoler. Il lui donne donc plusieurs vies, comme les chats. Il n'a pas envie qu'elle meure même si elle n'a aucune morale. Enfin, elle a sa propre morale : si on l'emmerde, elle flingue. »

Une fois de plus, les noms de vos personnages sont aussi zinzins qu'eux : Roger Robinet, Fuel Brûleur, Gégé Vogelpik.

« Vogelpik, c'était le jeu de fléchettes dans les cafés. Fuel Brûleur, c'était un clin d'œil à Yul Brynner et Roger Robinet parce qu'il est plombier tout simplement. Les noms me viennent comme ça. »

Pourquoi vous en prenez-vous à Mounir de Koh Lanta dans votre livre ?

« Je n'ai rien inventé. Je n'ai fait que reprendre ses propos. En même temps, j'ai toujours une sorte de tendresse pour ce genre de personnage. Il me fait rire. Et heureusement qu'il y a des gens comme ça car s'il n'y avait que des banquiers, on s'emmerderait ! C'est comme Jean-Claude Van Damme, je l'adore ! C'est un mec très gentil. J'ai beaucoup de respect pour lui car il s'est battu pour réaliser ses rêves. »

Dans votre livre, vous privilégiez des faits d'actualité belges.

« J'adore les faits divers croustillants à la Strip-tease. Comme avec la vierge de Jalhay. Alors, quand je tombe là-dessus, j'en fais mon petit lait. Je les insère dans mes histoires. »

Avez-vous un nouveau roman en cours d'écriture ?

« Mon prochain personnage est un sosie pourri d'Elvis Presley. Il a une chienne avec une banane rose pétante. C'est un personnage qui s'inscrit dans le style de mémé Cornemuse mais également dans des enquêtes comme mon commissaire Léon. »

En quelques lignes

Complètement barge, la mémé Cornemuse. Et pour sa dernière aventure (vraiment ?), elle n'y va pas de mains mortes ! Elle trouve, dans un hôpital psychiatrique, un riche zinzin avec qui elle va se marier. Le jour de la nuit de noce, il s'approche trop près d'un ravin et hop, pas de bol, il tombe et disparait. La bonne affaire pour mémé Cornemuse qui va hériter d'un manoir. Avec la bande de tarés avec qui elle s'est échappée de l'hôpital, elle va faire du manoir un bordel… Et gare à celui qui essayerait de se mettre sur son chemin ! Car mémé Cornemuse a un but : ramasser un paquet de pognons pour se faire un relooking à Los Angeles de manière à attirer son idole, Jean-Claude Van Damme. Avec son ton piquant et son écriture vive, Nadine Monfils nous emmène une fois de plus dans le monde complètement fêlé de mémé Cornemuse. Avec son langage 100% belge, l'auteure nous a une nouvelle fois fait rire du début jusqu'à la fin. (mh)

4/5

« Maboul Kitchen : La dernière aventure de mémé Cornemuse », de Nadine Monfils, éditions Belfond, 288 pages, 19€