"Il ne faut pas avoir peur des sans-papiers"

par
Camille
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Le Front des migrants organise ce weekend une marche entre Bruxelles et Anvers. L'objectif : aller à la rencontre de la société civile et des citoyens. Pour présenter les revendications et sensibiliser à cette lutte, explique Oscar Flores, porte-parole du collectif.

Quelles sont les revendications du front des migrants ?

« Il y a en Belgique près de 100.000 sans-papiers. Parmi eux, près de 80.000 sont ici depuis longtemps. Ils se sont créés un réseau, ils ont reconstruit leur vie, mais vivent dans la clandestinité. Au cours de notre marche, nous allons rencontrer des représentants religieux, des organisations syndicales, des responsables politiques locaux… Nous souhaitons également rencontrer des citoyens. Trop de personnes ont peur des sans-papiers, simplement parce qu'elles ne connaissent pas ces personnes. De façon plus globale, l'objectif est de dire au gouvernement que les sans-papiers sont une réalité, et qu'il faut apporter une solution aux problèmes individuels qui se posent. »

Le nouveau gouvernement entend plutôt serrer la vis sur ce dossier…

« C'est leur volonté, nous en avons pris acte. Mais on ne peut pas fermer les yeux : ce n'est pas en disant qu'on va expulser tant de personnes par an qu'on va régler le problème. Ce que prévoit l'accord de gouvernement, c'est une chose. Mais le gouvernement ne peut pas ignorer les sans-papiers arrivés de longue date. Théo Francken, le secrétaire d'Etat en charge de la migration, doit composer avec cet héritage des gouvernements précédents. »

Quelle solution proposez-vous ?

« Il faut prendre en compte la réalité, et accepter que certaines personnes ne repartiront pas. C'est notamment le cas des migrants venant des pays touchés par l'épidémie d'Ebola, ou en guerre. Il faut également tenir compte des personnes qui sont en Belgique de longue date du fait de procédures à rallonge. Pendant ce temps, les gens se sont intégrés, les enfants ont été scolarisés. L'intérêt de l'enfant doit passer avant tout le reste, et on ne devrait pas pouvoir expulser des familles dont l'enfant suit une scolarité. Les personnes qui ont une promesse d'embauche devraient également obtenir un titre de séjour, d'autant plus qu'ils contribuent au fonctionnement de l'économie du pays. Enfin, il n'est pas normal d'expulser des personnes qui suivent des soins en Belgique. »

 

Pour en savoir plus:

Le nombre de demandes d'asile en Belgique a été divisé par trois en 15 ans, passant de 42.000 en 2000 à 15.000 aujourd'hui. Selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés, sur la même période, le nombre de déplacés forcés est passé de 40 à 50 millions.