Une affiche polémique déjà détournée en France

par
Laura
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L'affiche faisant d'un pistolet «le nouvel ami» des policiers municipaux de Béziers suscite des réactions indignées ou ironiques, notamment sur les réseaux sociaux, mais est défendue par le maire proche du FN Robert Ménard, pour qui elle «dit les choses sans fioritures». Depuis mercredi, une affiche vante dans les rues de Béziers le fait que les policiers municipaux de la ville soient désormais armés. Elle présente en gros plan un pistolet avec un écusson tricolore sur la crosse. «Désormais, la police municipale a un nouvel ami», proclame-t-elle. «Armée 24h/24 et 7j/7, police municipale de Béziers», est-il également écrit, en plus petit.

Elle a notamment valu au maire de la ville, élu avec le soutien du FN, d'être vertement critiqué par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a dénoncé dans un communiqué «la tonalité délibérément provocatrice de la campagne». «L'outrance de cette campagne ne peut qu'aboutir à de graves contresens. Réduire l'action des forces de l'ordre à leur arme, c'est en premier lieu méconnaître la conception qu'elles se font de leurs missions», a également critiqué M. Cazeneuve.

«Pourquoi cette polémique ? C'est une affiche qui dit les choses clairement, sans fioritures. Je voulais que les Biterrois sachent que leur police municipale était armée depuis le 1er février», a réagi M. Ménard auprès de l'AFP: «Voilà, le message est passé. C'est vrai que c'est percutant, explicite, mais c'est la réalité qui est percutante». «Pour moi, la provocation, c'est quand le Premier ministre est accueilli à Marseille à coups de Kalachnikov», a encore ajouté l'édile, en référence aux tirs qui ont retenti dans la cité marseillaise de La Castellane lundi matin, quelques heures avant une visite de Manuel Valls.

Nombreuses polémiques

«A l'heure actuelle, Bernard Cazeneuve a d'autres chats à fouetter», a encore estimé M. Ménard: «Cette espèce de rhétorique, j'espère que c'est un gratte-papier de son ministère qui la lui a faite». «L'affiche a pour objectif de rassurer les Bitterois et d'expliquer aux délinquants et autres petits voyous que maintenant, ils peuvent vraiment commencer à s'inquiéter», a-t-il conclu.

Député UMP de l'Hérault, Elie Aboud adversaire malheureux de M. Ménard lors des dernières municipales à Béziers, avait lui aussi critiqué dès mercredi la «violence» de l'affiche. «Au lieu de présenter un projet d'armement de la police, sérieux, fondé sur la sécurité, on nous propose le Far West», a-t-il lancé dans un communiqué.

Sur les réseaux sociaux, nombreux sont aussi les internautes - sur un mode plus ironique - à avoir repris cette référence au Far West, en publiant des caricatures de Robert Ménard ou des policiers municipaux de la ville en cow-boys. De nombreux détournements étaient également diffusés, remplaçant le pistolet de l'affiche par un char d'assaut, une bouteille de pastis ou un cerveau, tour à tour présentés comme «le nouvel ami» de la police municipale.

Depuis le 1er février, la police municipale biterroise est équipée d'armes létales, en l'occurrence des 7.65 automatique, selon le Midi-Libre, qui précise que neuf policiers -déjà formés et en provenance d'autres polices municipales déjà armées - patrouillent d'ores et déjà avec cette arme, essentiellement la nuit. Robert Ménard, depuis son élection en mars 2014, a créé de nombreuses polémiques, de la crèche de Noël à la mairie au changement d'un nom de rue pour l'attribuer à l'un des militaires du putsch des généraux à Alger, en passant par un arrêté anti-crachats ou un couvre-feu pour les mineurs.