Eddie Redmayne est Stephen Hawking

par
Jerome
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L'acteur Eddie Redmayne (33) n'a pas encore rejoint Tom Hanks, Brad Pitt et Leonardo DiCaprio au firmament des stars, mais croyez-nous, cela ne saurait tarder. Le Britannique vient de récolter sa première nomination aux Oscars pour le rôle de l'éminent physicien Stephen Hawking dans ‘The Theory of Everything' (‘Une merveilleuse histoire du temps'), et si l'Academy ne lui décerne pas la statuette, ce sera très surprenant. Metro a parlé avec Redmayne des défis de cette interprétation difficile.

Stephen Hawking est une des personnes les plus intelligentes du monde. L'incarner est tout un honneur, mais n'avez-vous pas eu un peu peur aussi quand on vous a donné le rôle?

Eddie Redmayne: «Un peu? J'étais terrifié! (rires) Et je n'étais pas le seul: toute l'équipe était pour ainsi dire écrasée par l'énorme responsabilité. Stephen et son ex-femme Jane sont, en outre, des gens tellement formidables et généreux que nous voulions vraiment bien faire les choses pour eux. Juste avant le début du tournage, j'ai rencontré Stephen pour la première fois. Je voulais absolument avoir son approbation, mais Stephen n'est pas le type de personne à donner son approbation avant d'avoir vu le résultat final. La peur de le décevoir m'a donc aidé à rester vigilant durant toute la durée du tournage. Heureusement, il était finalement enthousiaste par rapport au film, ce qui a été un énorme soulagement.»

Comment se sont déroulées vos conversations avec Hawking?

«C'est une expérience incroyable de communiquer avec lui. En ce moment, il utilise un tout petit muscle de son œil pour commander son ordinateur vocal. Cela prend donc un peu de temps avant qu'il ait terminé sa réponse, et il faut un peu s'y habituer. Au début, j'étais vraiment très mauvais en la matière. J'essayais à chaque fois de combler les pauses en lui parlant de tout ce qu'il avait réalisé. C'était une catastrophe. Alors, il m'a regardé de travers, et il a dit: ‘Je savais déjà qui j'étais, vous savez.' (rires) Heureusement, je me suis calmé après un temps, et alors il a été très gentil.»

Quand on joue un personnage avec un handicap physique, il y a toujours un risque qu'on exagère. Aviez-vous des craintes à ce sujet?

«Oui, et la seule façon d'éviter ça, c'était de bien m'informer. Au début de ma préparation, je voulais surtout bien me renseigner sur les maladies musculaires. J'ai parlé à une quarantaine de personnes qui souffrent tout comme Stephen Hawking d'une maladie neuromotrice. Grâce à elles, je pouvais très bien me représenter ce que cela signifie de vivre avec une telle maladie. Mais vous avez raison, même avec cette préparation, c'était chaque jour à nouveau danser sur la corde raide. C'est la raison pour laquelle le réalisateur James Marsh m'a permis de visionner, sur le tournage même, les images que nous filmions -ce qui normalement ne se fait pour ainsi dire jamais. Ainsi, je pouvais suivre de très près ce qui fonctionnait ou ne fonctionnait pas, où je devais aller un peu plus loin et où je devais lever le pied.»

Les tournages ne se font pas dans l'ordre chronologique, en général. Cela doit être très ennuyeux quand on joue un homme dont le corps ne cesse de se dégrader.

«Tout à fait. Les journées de tournage étaient parfois extrêmement bizarres. Le plus étrange, cela a été le tout premier jour: le matin, j'étais en pleine forme, vers midi, je marchais avec des béquilles, et l'après-midi j'étais en fauteuil roulant. Et cela s'est passé comme ça durant tout le tournage, en fait. Ce qui fait que c'était très amusant -non, je dirais plutôt que c'était un défi, ce mot est plus approprié. (rires) Pour ne pas perdre le Nord, j'avais fait un grand schéma, avec une ligne du temps précise de quel muscle il perdait à quel moment. Je pouvais à chaque fois consulter ce schéma avant que nous commencions à tourner une scène. Et pour trouver la bonne position, j'ai bénéficié aussi de l'aide d'une danseuse, qui me tenait tout le temps à l'œil.»

Ce qui m'a peut-être encore le plus frappé: le regard dans vos yeux est exactement celui de Hawking. Vif, rieur, on dirait presque un garnement. Comment avez-vous fait?

«La maladie de Stephen fait en sorte qu'il perd tout simplement l'usage de la plupart de ses muscles. Le peu de muscles qui lui restent, sont donc les seuls moyens qu'il a à sa disposition pour s'exprimer. Tous les éléments que nous utilisons pour communiquer -gestes, intonation, langage corporel- il doit les canaliser dans la poignée de muscles qu'il contrôle encore. Et chez lui, ceux-ci se trouvent autour des yeux. Sa mère disait toujours qu'il avait les sourcils les plus expressifs au monde. (rires) Je suis donc resté des heures et des heures devant le miroir avec toute ma documentation, pour avoir accès aux petits muscles que nous n'utilisons jamais normalement.»

Le thème de recherche préféré d'Hawking était le temps. Dans le film, nous voyons comment le temps jouait aussi un rôle essentiel dans sa relation avec Jane.

«Oui. C'est reconnaissable pour beaucoup de gens qui souffrent d'une maladie musculaire. Quelqu'un m'a décrit comment sa conception du temps avait totalement changé depuis qu'il avait eu son diagnostic. Chaque seconde devenait une heure, chaque heure une journée, chaque journée une semaine. Il vivait chaque moment dix fois plus intensément.»