En Allemagne, les immigrés sont invités à parler allemand à la maison

par
Laura
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Une association turque a qualifié lundi d' "absurde" et "anticonstitutionnelle" la proposition controversée du parti conservateur bavarois CSU, allié de la chancelière Angela Merkel, qui souhaiterait que les immigrés parlent allemand au sein même de leur famille. L'Union chrétienne-sociale (CSU), l'un des trois partis de la coalition qui dirige l'Allemagne, a rédigé une motion, dévoilée ce week-end, dans laquelle il plaide pour que les étrangers qui veulent s'installer définitivement en Allemagne soient "encouragés à parler allemand en public et en privé au sein de leur famille".

Une proposition anticonstitutionnelle

La CSU veut introduire "une obligation de parler allemand dans la cour d'école, dans la rue et dans son salon", s'indigne dans un communiqué la Communauté turque d'Allemagne (TGD), l'une des instances représentatives cette communauté forte de plus de trois millions de personnes, Turcs ou Allemands d'origine turque. Cette proposition est "hostile, anticonstitutionnelle et absurde", poursuit TGD. Ce genre d'initiative ne peut que susciter "la haine envers les immigrés" et "abimer la démocratie dans notre pays", écrit encore l'association, qui demande à Mme Merkel de mette fin à cette "absurdité".

Naturellement, "une bonne maîtrise de la langue est une clé pour l'intégration en Allemagne", notamment dans le domaine scolaire et professionnel, a observé le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, lors d'un point presse régulier, refusant toutefois de commenter une "initiative individuelle". L'obligation de parler allemand "à la maison" ne fait "pas partie" du programme de coalition, signé par la CDU d'Angela Merkel, les sociaux-démocrates du SPD et la CSU, a-t-il ajouté.

Un appel à parler allemand

Ce texte, qui intervient en plein débat national sur l'intégration des immigrés, doit faire l'objet d'une discussion lundi entre les responsables de la CSU, en amont d'une réunion du parti qui doit avoir lieu à la fin de la semaine à Nuremberg (sud). Lundi, avant la réunion, le secrétaire général du parti chrétien-démocrate bavarois, Andreas Scheuer, avait tenté de nuancer l'esprit du texte : selon lui, la proposition n'était qu'un "appel", et non "une obligation ou une consigne" à parler allemand à la maison.

La proposition de la CSU a été largement critiquée et moquée, notamment sur les réseaux sociaux où de nombreuses personnes ont raillé le dialecte bavarois, dont l'accent et les expressions sont difficilement compréhensibles hors de la région.