Le Dr. Mukwege récompensé pour son combat contre les violences sexuelles

par
Camille
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« Dans l'est du Congo, le viol est désormais utilisé comme une arme de guerre. Cela doit cesser. » Depuis des années, Denis Mukwege en appelle à la communauté internationale. Il lui demande de faire pression sur les belligérants de l'est de la RDC, afin de mettre un terme à un conflit qui dure depuis 20 ans, avec en toile de fond l'exploitation des ressources du sous-sol du Sud-Kivu.

Pour dominer la région et extraire le précieux coltan, un minerai essentiel pour la fabrication de gsm, les groupes armés ont largement recours aux violences sexuelles. En septembre 2012, le docteur rappelle cette situation, devant les Nations Unies. « Il n'y a plus besoin de preuve. Ce qu'il faut, c'est une action, une action urgente pour arrêter les responsables de ces crimes. » Devant un parterre de diplomates, ces mots lui valent une salve d'applaudissements.

Quelques semaines plus tard, de retour à son domicile de Bukavu, c'est un tout autre accueil qui lui est réservé. Ses mots n'ont évidemment pas plus à certains responsables de groupes armés. Ils vont tenter de faire taire pour de bon l'empêcheur de tourner en rond. Un soir, alors qu'il rentre chez lui après sa journée de travail, le docteur se retrouve face à cinq tueurs qui l'attendent à son domicile. Il parviendra finalement à leur échapper. Mais le gardien de la maison, lui, y laissera la vie. Le docteur réunit immédiatement sa femme et ses enfants, et prend la route du Burundi voisin, puis de la Belgique. Il faudra quelques mois avant qu'il ne se décide à rentrer dans son hôpital de Panzi. Il a depuis repris son travail, consolidant le « modèle Panzi », une prise en charge globale (sanitaire, psychologie, économique, mais aussi juridique) des victimes pour leur permettre de reprendre goût à la vie.

Force est de constater que si certains voulaient faire taire Denis Mukwege, ils n'ont réussi qu'à donner encore un peu plus d'écho à son combat. Le médecin reçoit de plus en plus souvent les honneurs de la communauté internationale, voit régulièrement son nom cité pour le prix Nobel de la paix....

Son dernier espoir, justement, est de voir la paix enfin s'imposer dans l'est de la RDC. Alors, il pourra enfin se consacrer à ce qu'il a toujours voulu faire, l'obstétrique. « Pour le moment, je n'y consacre que 10% de mon temps. Les 90% restants sont utilisés pour soigner les conséquences de la bêtise humaine. »