Les taxis électriques débarquent à Paris

par
Laura
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Encore confidentielles en dehors de l'autopartage, les voitures 100% électriques devraient bientôt conquérir les rues de Paris où des sociétés de taxis et de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) fourbissent d'ambitieux projets d'équipement. Objectif de 1.000 taxis électriques d'ici à 2017 chez les Taxis bleus, 10% du parc de la G7 en "zéro émission" évoqués à moyen terme: un tournant s'amorce sous l'impulsion des pouvoirs publics et grâce à l'arrivée de véhicules enfin dotés d'une autonomie suffisante. Une voiture semble plébiscitée: la "Model S" de Tesla. Sortie en 2012, elle a déjà séduit plusieurs dizaines de milliers de clients dans le monde, dont des sociétés de taxi de l'aéroport de Schiphol (Pays-Bas) qui ont commencé à en exploiter le mois dernier.

Tenir une journée complète

Alors que l'autonomie reste le gros point noir des voitures électriques, le constructeur américain revendique 500 kilomètres pour la Model S et promet des recharges en quelques heures grâce à ses bornes de grande puissance. Cette berline aux lignes fluides et à l'intérieur futuriste n'ira sans doute pas aussi loin en utilisation intensive urbaine, "mais ça reste exploitable, on peut faire une journée complète (...) quelles que soient les destinations demandées par le client", affirme à l'AFP Serge Metz, PDG du géant du secteur, la G7, qui fédère 7.600 taxis. "La question principale pour l'activité des taxis, c'est l'usure des batteries et les délais de renouvellement de ces batteries, davantage que l'autonomie quotidienne", renchérit Yann Ricordel, PDG des Taxis Bleus, société qui veut "donner un grand coup d'accélérateur sur les véhicules électriques". "On a eu l'occasion de tester à très petite échelle l'exploitation d'une Tesla, (...) c'est extrêmement séduisant, les clients sont ravis", ajoute M. Ricordel, pour qui la Nissan Leaf, à l'autonomie plus faible, pourrait aussi intégrer les flottes à terme. La Leaf est actuellement testée par des taxis à New York.

Coup de pouce supplémentaire de la Ville 

"On pense pouvoir exploiter, organiser et financer pour nos chauffeurs plus de 1.000 véhicules électriques d'ici à 2017", révèle le PDG des Taxis Bleus, tandis que son homologue de la G7 prédit que "2015-2016 devrait permettre une démocratisation" de ces modèles. Même si "ce ne sera pas un raz-de-marée, on arrivera peut-être à 5 à 10% de la flotte en électrique dans les trois ans qui viennent", selon M. Metz. La G7 teste une Tesla depuis près d'un an, et "pour l'instant cela se passe sans problème d'autonomie, sans problème de fiabilité", dit M. Metz, dont l'entreprise attend la livraison d'une dizaine de Model S. Même satisfecit de Karim Ferchiou, PDG de la société "Voitures noires", qui loue des VTC à Paris, disant vouloir "acquérir au moins entre 30 et 50" Tesla en 2015.

Si les "Autolib" rencontrent le succès dans la capitale, les ventes de voitures électriques restent anecdotiques en France: 8.000 unités sur les dix premiers mois de 2014, soit 0,5% du marché. Parmi elles, 220 Tesla. Celles-ci restent chères, mais vu l'utilisation intensive, l'amortissement en taxi ne sera pas un problème si la fiabilité suit, selon les professionnels. "Il ne faut pas se dire qu'on achète une voiture à 90.000 euros, il faut se dire qu'on achète une voiture à 60.000 euros avec cinq ans d'essence gratuite", résume M. Ferchiou.

Dans l'équation entre aussi la récente décision de la ville de Paris de doubler pour les taxis l'aide gouvernementale à l'achat d'une voiture électrique, soit 7.000 euros supplémentaires défalqués. M. Ricordel milite pour qu'un taxi électrique puisse fonctionner en alternance avec un taxi à moteur thermique, sur la même licence. Tesla, de son côté, n'a pas d'objection à cette utilisation. "Nous estimons que c'est une voiture parfaite pour les flottes de taxis", affirme Kathrin Schira, responsable de la communication de la marque en Europe.