Un enfant belge sur six est pauvre

par
Camille
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Un rapport de l'Unicef fait le point sur les conséquences de la crise économique pour les enfants des pays développés. Sans surprise, la détérioration économique a des conséquences sur le bien-être des enfants. Et ce, même dans les pays riches. Les programmes de relance qui avaient suivi la crise financière avait, dans un premier temps, permis de protéger efficacement les enfants. Mais tout a changé en 2010, avec le début des politiques d'austérité budgétaire. C'est dans les pays méditerranéens que ces politiques ont eu les conséquences les plus évidentes : environ un enfant sur trois vit désormais sous le seuil de pauvreté en Espagne, en Italie, et en Grèce (voir infographie ci-dessous). Plus globalement, la pauvreté des enfants a augmenté dans 23 des 41 pays riches analysés.

Des effets néfastes

Outre les problèmes immédiats causés par cette situation, l'auteur du rapport, Chris De Neubourg, s'inquiète des effets qu'elle va avoir à moyen terme. « Ces changements ont de lourdes conséquences pour les jeunes. Les enfants sont anxieux et stressés. Plus longtemps ils resteront piégés dans l'engrenage de la pauvreté, plus ils auront de mal à en sortir », redoute l'Unicef. Pire, « ceux qui entreront sur le marché du travail entre 2019 et 2024 sont les enfants d'aujourd'hui. Ils risquent d'être pénalisés tout au long de leur vie par le mal-être auquel ils font face actuellement », ajoute Chris De Neubourg. Le risque est alors de se retrouver au sein de la catégorie des NEET (Not in education, employment or training, ni étudiant, ni employé, ni stagiaire). On compte désormais près de 7,5 millions de jeunes dans cette situation dans l'Union européenne. Soit un million de plus qu'en 2008.

Des conséquences pas inévitables

Chris de Neubourg voit dans cette situation globale des jeunes un « grand bond en arrière ». Il estime que les familles grecques ont perdu 14 ans de progrès, les familles italiennes huit ans, les familles belges six ans. Mais les conséquences de cette crise pour les enfants « ne sont pas inévitables », veut croire l'Unicef. L'organisation constate notamment que certains pays sont parvenus à réduire la pauvreté des enfants, notamment grâce à la solidité de leurs dispositifs de protection sociale. Mais il est pour cela nécessaire d'investir « dans le bien-être de tous les enfants ». « Cela doit se faire aux niveaux européen, fédéral, régional, et local. C'est comme cela que l'on brisera le cercle vicieux de la pauvreté. »

En savoir plus:

La Belgique « peut mieux faire »

Le rapport de l'Unicef sur la situation des enfants fait état d'une situation mitigée en Belgique. D'un côté, le taux de pauvreté des enfants a reculé entre 2008 et 2012, passant de 17,2 à 16,4%. « On va dans le bon sens, se félicite Chris de Neubourg, du centre de recherche de l'Unicef, tout en notant que l'on partait d'un niveau déjà relativement élevé. La situation est plus préoccupante du côté des jeunes, qui sont de plus en plus nombreux à se retrouver ni étudiant, ni employé, ni stagiaire (NEET). » Le nombre de 15 à 254 ans dans cette situation est passé de 10,1 à 12,7% entre 2008 et 2013. « Sur ce critère, les pays voisins, France, Pays-Bas, Allemagne et Luxembourg, font mieux. » Cette situation amène l'Unicef à espérer que « les nouvelles équipes gouvernementales prennent en compte l'impact des mesures, d'austérité notamment, sur les enfants et leurs familles."