Le soleil va-t-il bientôt hiberner ?

par
Laura
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Un des objectifs du Solar Influences Data Center Analyse (SIDC), un département de l'Observatoire royal de Belgique (ORB), est d'étudier l'indice des taches solaires. Il a en sa possession la plus longue série chronologique de l'activité solaire, remontant à plus de quatre siècles. Une des questions que se posent les scientifiques de ce département est celle du couplage entre le soleil et le climat. Suite aux dernières observations, certains scientifiques avaient émis l'hypothèse que le soleil allait bientôt entrer en hibernation. Qu'en est-il?

Tous les onze ans environ, le Soleil passe par un maximum d'activité. Le pic du cycle 23 avait été mesuré en 2001. Notre étoile devait remonter en puissance à partir de 2008 -début du cycle 24- avant d'atteindre son apogée en 2011. Mais le Soleil a pris beaucoup de retard. «Sur la série, on voit qu'on approche d'un maximum mais on se rend compte qu'il est à peine à moitié aussi intense que lors des précédentes décennies. Certains scientifiques ont donc pensé, trop précipitamment, que le cycle allait s'arrêter, c'est-à-dire que le Soleil resterait à un niveau d'activité minimum, qu'il n'y aurait plus de tâches solaires, ni d'irruptions», explique Frédéric Clette, physicien solaire. Cette observation laissait sous-entendre que le soleil allait rentrer en hibernation.

En observant la série qu'a en sa possession le Solar Influences Data Center Analyse, des cycles très faibles apparaissent aux alentours du 17e siècle. À cette époque, le climat s'était refroidi. «C'est vraiment la signature que le Soleil influence le climat», observe le physicien.

Quant à savoir si dans les prochaines années le Soleil va retomber dans une sorte d'hibernation, pour Frédéric Clette, les scientifiques se sont trop vite précipités. «Ils auraient dû regarder plus attentivement la série. Nous voyons que le niveau que l'on a actuellement est un retour de ce qu'on avait au 19e et 20e siècle. Durant cette période, le niveau était plus bas mais l'activité solaire n'était quand même pas nulle puisqu'elle a ensuite remonté.» C'est en comparant les données passées que les physiciens du SIDC peuvent mettre en perspective ce qui se passe maintenant. Pour Frédéric Clette et toute l'équipe du SIDC, il n'y aura donc pas d'hibernation du Soleil.

Toutefois, aujourd'hui, le facteur humain rentre aussi en compte. «Aujourd'hui, nous avons en plus les facteurs anthropogéniques. C'est difficile de séparer les deux facteurs. D'où l'intérêt de quantifier le couplage entre Soleil et Terre des siècles passés, au moment où l'influence humaine était quasi nulle et donc celle du Soleil était claire», continue le physicien solaire. «C'est un travail en cours qui nous permet de faire des prévisions, notamment climatologiques, et de voir comment ça peut évoluer dans 50 ou100 ans», conclut-il.

 

Maïté Hamouchi

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Ph: USET/data/image, Royal Observatory of Belgium/Brussels