Vers une politique du chat unique en Suisse ?

par
Laura
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La Suisse est-elle sur le point d'appliquer la politique de l'enfant unique de la Chine à ses animaux domestiques ? Alors que le nombre de félins serait un problème dans le pays, la société protectrice des animaux zurichoise, le Zürcher Tierschutz, affirme qu'il y aurait actuellement 1.35 millions de chats pour 8,1 millions d'habitants. Un chiffre qui pourrait être encore plus important sachant que les propriétaires ne sont pas obligés de déclarer leur animal. Présent dans un foyer sur quatre, le chat serait  "l'animal préféré de la nation".

La reproduction des chats non castrés serait sans limite et conduirait à une surpopulation. Un nombre qui ferait d'eux de grands prédateurs pour François Turriant directeur de L'Association Suisse pour la Protection des Oiseaux. "Il tue les oiseaux, les petits mammifères, les orvets, les batraciens, les libellules" explique-t-il . C'est donc à partir de cette idée que le Zürcher Tierschutz, la SPA locale, a décidé de proposer la limitation du  nombre de chats à un par famille. Pour Claudia Kistler, biologiste et co-auteur d'une étude pour le groupe, cette mesure concernerait 70% des chats domestiques. "Nous avons calculé que la densité à Zurich était de 430 chats par kilomètres carrés. En comparaison, il y a 10 à 15 renards pour la même superficie", explique-t-elle dans Le Matin Dimanche.

Pour cette dernière la politique du chat unique doit être un complément à d'autres mesures comme celle de la campagne de castration qui coûte 600 000 francs par an à la SPA nationale. Comme le rapporte Le Monde, la lutte contre la surpopulation des chats aurait d'ailleurs été inscrit dans le programme politique du parti bourgeois démocratique dans la partie francophone du canton du Valais.

Pourtant la mesure "Un foyer, un chat" est loin de faire l'unanimité. Pour le britannique Dennis C. Turner, professeur à l'Université de Zurich et spécialiste des chats, cette mesure serait illégale. "Cette idée est complètement infondée. La Suisse est probablement l'un des pays qui compte le plus de chats au monde parce qu'il y a beaucoup de locataires et que les chiens ne sont pas tolérés en appartement", explique-t-il. Un nombre ridicule comparé à Rome où l'on "dénombre 2000 chats par kilomètre carré", rajoute le professeur.

L'interdiction de posséder plus d'un chat par foyer n'est pas fondée confirme Nathalie Rochat, porte-parole de l'office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires. Et la thèse mise en avant par le Zürcher Tierschutz serait "absurde" comme l'explique la Protection suisse des animaux qui tient à se distancer de cet organe qu'elle considère comme "sérieux mais autonome". "Les prédations naturelles ont un impact minimal. La première cause de la disparition de ces espèces, c'est l'homme: la chimie dans l'agriculture, la diminution de l'espace naturel au profit de l'espace construit par exemple", a tenu à rectifier le président de la SPA nationale Heinz Lienhard.