En Uruguay les premiers producteurs de cannabis s'enregistrent officiellement

par
Laura
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Une dizaine d'Uruguayens ont commencé mercredi à s'inscrire comme producteurs de cannabis, alors que le pays est devenu fin 2013 le premier au monde à légaliser la culture et la vente de marijuana sous le contrôle de l'État. "Premier producteur domestique de cannabis enregistré (dans la ville de) Fray Bentos. Hey, monsieur le policier, qu'en dis-tu?", se réjouissait un jeune sur Facebook, montrant une photo de son certificat d'inscription. En milieu de journée mercredi, premier jour de fonctionnement du registre, dix personnes s'étaient déjà inscrites, dont trois dans la capitale, Montevideo, et sept dans l'intérieur du pays, a annoncé l'Institut de régulation et de contrôle du cannabis (IRCCA) dans un communiqué.

L'inscription est sans coût et ouverte à tous (Uruguayens, ou détenteurs de la résidence permanente, et majeurs), sur présentation d'une pièce d'identité et d'un justificatif de domicile. L'IRCCA a ensuite 30 jours pour la valider. L'identité des producteurs étant considérée comme "une donnée sensible", elle sera protégée par l'État, a assuré l'organisme. La loi prévoit que chaque foyer, peu importe sa taille, ne pourra cultiver plus de six plants de cannabis, ce qui équivaut à une limite annuelle de production de 480 grammes. "Pour moi, être enregistré, ce n'est pas une discrimination, c'est une reconnaissance", a déclaré aux médias locaux Juan Vaz, porte-parole de l'Association d'études du cannabis en Uruguay (Aecu) et premier à s'inscrire à Montevideo.

Dans un pays où la consommation du cannabis était jusqu'à présent légale, mais pas sa production, les petits cultivateurs se sont multipliés ces dernières années, mais en cachette: selon Aecu, ils seraient 30.000 à 40.000 aujourd'hui. L'Uruguay est devenu en décembre 2013 l'unique pays au monde à légaliser la culture et la vente de marijuana sous le contrôle de l'État. En vertu de cette loi, l'État supervise toute la chaîne de production, de l'importation des semences à l'enregistrement des consommateurs, en passant par la culture et la vente en pharmacie. La loi prévoit trois modes d'accès au produit, l'usager préalablement inscrit sur un registre national (toujours inexistant à ce jour) pouvant au choix se fournir en pharmacie, cultiver à son domicile ou s'inscrire dans un club de consommateurs.

La mise en vente au public est attendue pour début 2015.

Selon des évaluations officielles, la production annuelle devrait s'élever à terme à une vingtaine de tonnes de cannabis, pour satisfaire la demande d'environ 150.000 consommateurs (pour 3,3 millions d'habitants). Parallèlement à la culture à domicile, l'État prévoit une production de cannabis sur un terrain public, dont la récolte sera destinée à la vente légale aux consommateurs, dans la limite de 40 grammes par mois. Il a lancé un appel d'offres à cet effet, clôturé le 18 août et

dont les candidats devraient être connus ce jeudi. Enfin, d'ici une dizaine de jours, l'IRCCA commencera l'enregistrement des clubs de consommateurs, qui pourront avoir entre 15 et 45 membres et qui seront également soumis à des limites de production. Une demi-douzaine de clubs ont déjà entamé les démarches légales pour se transformer en associations, condition qui leur permettra de s'inscrire au registre officiel.