"Dîner en blanc", le concept à succès du pique-nique surprise fait le tour du monde

par
Laura
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Alors que le soleil couchant éclaboussait l'Hudson, quelque 4.800 personnes se sont retrouvées lundi soir à New York, pour la quatrième édition du "Dîner en blanc", pique-nique géant tout en élégance. Il avait lieu cette année au Nelson Rockefeller Park, au sud de Manhattan, avec vue imprenable sur la rivière Hudson. Le lieu, comme chaque année, avait été gardé secret jusqu'à la dernière minute par les organisateurs.

Les participants, tous inscrits à l'avance, avaient apporté tables, chaises, vaisselle, nappes --obligatoirement blanches--, bouquets de fleurs, bougeoirs, et bien sûr leur dîner, pour ce pique-nique désormais extrêmement couru, avec quelque 30.000 personnes sur liste d'attente cette année. "C'est difficile à organiser, mais on se sent récompensés", confiait radieuse Sandy Safi, cofondatrice de Dîner en blanc international, saluant une ville qui les a accueillis à "bras ouverts". A minuit, le parc devait avoir retrouvé son aspect habituel, chacun emportant ses déchets.

Plus de vingt ans de succès

Né à Paris il y a 26 ans, le Dîner en blanc qui chaque année rassemble dans les plus beaux espaces publics des milliers de personnes pour un pique-nique surprise, est de plus en plus couru : près de 800 villes dans le monde ont demandé à y participer. Après intense sélection des organisateurs, 50 cités - de Mexico à Singapour en passant par Paris, New York ou Johannesbourg - ont ou vont organiser cette année leur dîner en blanc, pour un total de plus de 120.000 convives. Le principe est toujours le même : un lieu public spectaculaire, tenu secret jusqu'au dernier moment. Des couples élégamment vêtus de blanc, qui s'y retrouvent avec table et chaises, nappes (blanches), vraie vaisselle, bougies, argenterie... et un pique-nique gastronomique.

Une organisation de fer

L'organisation de fer, quasi militaire, est assurée par des dizaines de bénévoles. Et après une installation ultra-rapide, le pique-nique géant démarre, après que les convives eurent fait tournoyer leurs serviettes en l'air. Quelques heures plus tard, le parc, les ponts ou places qui l'ont accueilli retrouvent leur visage habituel, chacun repartant avec son matériel, ses déchets et ses souvenirs. Le plus petit dîner ? Trois cent personnes l'an dernier sous la pluie à Stockholm, selon Sandy Safi, cofondatrice de Dîner en blanc international. Le plus grand, 13.000 sur six ponts de Paris le 12 juin dernier.

Désormais breveté, le Dîner en blanc (DEB), dont la branche internationale a été créée en 2011, veut garder les pieds sur terre. "On ne veut pas grandir trop vite", explique à l'AFP Aymeric Pasquier, le fils du fondateur du Dîner en blanc et autre cofondateur de DEB international, basé à Montréal. "A l'international, on a commencé avec 17 dîners la première année, 34 l'an dernier, 50 cette année. Pour nous l'objectif n'est pas de battre des records, on défend des valeurs qui sont l'amitié et le partage."

Même si des vins s'y sont associés, ainsi que des chefs proposant des paniers repas gastronomiques, "c'est un événement non commercial", souligne-t-il. A New York, l'inscription via la plateforme internet coûte 30 dollars, plus 5 dollars qui vont au réseau DEB international. Non compris bien sûr le pique-nique et matériel, que chacun doit apporter.

Auckland, New York, Montréal... 

A l'origine, le Dîner en blanc ne se voulait qu'une rencontre entre copains, organisée pour la première fois en 1988 par un chef d'entreprise français, François Pasquier, ont le jardin était trop petit pour les accueillir tous. Il leur donne rendez-vous au Bois de Boulogne (ouest de Paris), leur dit de s'habiller en blanc pour être reconnaissables, et d'apporter tables, chaises et pique-nique. L'année suivante, chacun peut coopter un ami et le dîner grandit. En 1991, il décide de se transporter sur le Pont des Arts à Paris. Mais pour éviter les ennuis avec les autorités, le lieu sera tenu secret jusqu'au dernier moment.

La formule magique est trouvée

Des angoisses, des bonnes surprises, les responsables de DEB international, qui sélectionnent les organisateurs de chaque ville, n'en ont pas manqué. Ils découvrent qu'à Singapour le blanc est la couleur d'un parti politique, et qu'il faut une stratégie pour s'en démarquer. A Auckland en Nouvelle-Zélande, le passage d'un ouragan de catégorie 3 les a obligés cette année à reporter d'une semaine. La première édition du Dîner en blanc de New York en 2011 coïncidait avec le passage de l'ouragan Irène. Miracle, la pluie s'est arrêtée juste avant le dîner de 1.200 personnes.

Dans les bonnes surprises, un couple s'est marié cette année lors d'un dîner en blanc à Victoria, au Canada, raconte Sandy Safi. D'autres voyagent d'un Dîner en blanc à l'autre, de Montréal à New York. D'où l'intérêt, dit-elle, que tous les dîners n'aient pas lieu le même jour. Seule ombre au tableau, les listes d'attente parfois infranchissables pour ceux qui ne sont pas cooptés. A Philadelphie, des déçus ont trouvé la parade. Ils viennent de lancer leur premier Dîner en noir, le même jour que le Dîner en blanc.