Les séries d'anthologie font leur retour

par
Marie
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Depuis peu, les séries d'anthologie, c'est-à-dire dont le thème est le seul lien entre les saisons et dont les personnages ne sont pas récurrents, réapparaissent sur le petit écran. Ce retour du genre traduit une évolution en cours dans l'industrie du divertissement.

On croyait la série d'anthologie éteinte depuis les années 60 avec «Alfred Hitchcock présente» et «La Quatrième dimension». S'il y a eu des tentatives de retour avec «Les Contes de la crypte» (1989) ou «Masters of horrors» (2005), rien n'était capable de concurrencer les histoires feuilletonantes. Jusqu'à maintenant.

Il est désormais de plus en plus difficile de tenir les spectateurs en haleine devant des fictions au long cours comptant une vingtaine d'épisodes. Avec des séries qui s'éternisent et des fins bâclées -comme «Lost», «Desperate Housewives» ou encore «Dexter»-, la tendance est au raccourcissement.

On le voit tout d'abord avec le succès des mini-séries qui comptent en général une dizaine d'épisodes. Mais l'anthologie, elle, permet de retrouver l'univers de la série si les audiences suivent, tout en laissant les contraintes de côté.

La récente série «True Detective» (2), signée Nic Pizzolatto, vient confirmer ce retour à l'anthologie, même si la tendance a déjà été relancée il y a trois ans avec «American Horror Story» (3). Mais cette fois, c'est le genre policier qui est visé. L'anthologie était avant cela surtout réservée aux productions fantastiques et horrifiques.

La première saison de «True Detective» comprend huit épisodes, est très cinématographique et compte deux grands acteurs au générique. Ici, c'est le thème, l'atmosphère qui importe et non l'intrigue, le lieu ou les personnages. «Fargo» (1), la série tirée du film culte des frères Coen, suit le même chemin. Dix épisodes et deux acteurs de grande renommée au casting: Martin Freeman et Billy Bob Thornton.

Libérés des contraintes de temps, les «grands» acteurs peuvent désormais s'investir davantage sur petit écran, et cela sans entraver leurs projets cinématographiques.

Plus court encore: les séries d'anthologie où chaque épisode est indépendant du suivant comme l'illustre la série britannique «Black Mirror». Chaque épisode a une réalité, un casting et un décor différents, mais ils traitent tous de notre dépendance aux écrans.

Pour fidéliser les spectateurs et créer de l'attente, une nouvelle stratégie de diffusion a été adoptée par les chaînes: la division d'ultimes saisons en deux salves, comme on l'a vu pour «Breaking Bad» ou «Mad Men». Mais cela a souvent le don d'énerver. Avec l'anthologie, les spectateurs savent qu'ils auront rapidement une fin. Elle est aussi gage de davantage de qualité. Les scénaristes sont en effet cantonnés à un nombre défini d'épisodes, permettant de développer au mieux la narration.

Si les saisons sont plus courtes, ce n'est pas pour cela qu'elles arrivent plus rapidement sur les écrans. Mais l'attrait de l'anthologie est l'absence de frustration: finis les cliffhangers intenables.

Dernier avantage -et non des moindres-, la courte durée des saisons permet aussi un «binge watching» gérable pour ceux qui ont loupé la meilleure série de l'année et évitent ainsi les poches sous les yeux le lundi matin au travail.

Marie Bruyaux

Ph. HBO