La course à pied la plus longue du monde : 5.000 km sur un circuit de 900 m

par
Marie
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La course à pied la plus longue du monde se déroule actuellement à New York. Les participants, disciples d'un gourou indien adepte de la méditation et du dépassement de soi par le sport, doivent parcourir plus de 5.000 km… sur un circuit d'à peine 900 m.

6h du matin. Les 14 participants de la Self-Transcendence prennent le départ d'une nouvelle journée de course sur le bitume du Queens. Depuis un mois et demi, ils tournent en boucle 18h par jour. Ces disciples de Sri Chinmoy, gourou indien adepte du dépassement de soi par le sport, ont fait le pari de parcourir 5.000 km en moins de 52 jours sur un circuit de 900 m.

Décédé il y a sept ans, leur maître spirituel considérait que les blessures, moments de fatigues et changements d'humeur rencontrés durant la course étaient de parfaites représentations des obstacles à surmonter dans la vie.

«On rentre dans le domaine de l'esprit humain, du psychique pour savoir si on est capable de faire plus que les limites physiques. Il faut trouver cette capacité de dire: je peux faire plus que ce que les limites que mon corps m'impose», explique Teekshanam, participant moldave qui, en l'honneur du maître hindou, porte comme la plupart des membres de la communauté -estimée à 7.000 individus à travers le monde- un nom Bengali.

Gêné par une blessure aux genoux, Sri Chinmoy s'était ensuite tourné vers les démonstrations de force pour transmettre son message de paix. Il avait d'ailleurs soulevé Nelson Mandela ou le boxeur Mohamed Ali, perchés sur une nacelle... à une main.

Calculette à la main, Raymond, unique Américain de la course et bon dernier, cherche à savoir s'il parviendra à relever le défi à temps. «J'ai voulu participer à cette course parce que je ne savais pas si je serais capable de la finir et je me rends compte que je n'y arriverai pas. Ce n'est pas grave, je l'accepte. Beaucoup de gens ne l'accepteraient pas», explique-t-il au 45e jour de course.

Le béton et les gaz d'échappement des voitures ne semblent pas gêner les coureurs, pas plus que les 1.200 $ payés pour la nourriture, les soins médicaux et le logement. Chaque été, ils viennent d'Europe pour la plupart en pèlerinage dans le quartier où le gourou avait installé son premier centre de méditation.

«Dans un marathon traditionnel, vous ne voyez presque jamais le vainqueur. Vous courez avec un athlète de votre niveau, mais si le parcours est une boucle vous le croiserez à plusieurs reprises. Sri Chinmoy pensait que cela donnerait de l'inspiration aux coureurs et permettrait d'améliorer leurs performances», soutient Rupantar LaRusso, le directeur de la course.

Sous les chants des membres de la communauté, le vainqueur, venu d'Ukraine, franchit une dernière fois la ligne d'arrivée. Sa moyenne: 110 km par jour, près de trois marathons quotidiens. «J'essayais de me convaincre que chaque jour était le seul jour de course et que je pouvais facilement courir 18 heures sans m'arrêter. Si j'avais eu la distance en tête tout au long de la course, j'aurais fait une dépression», rigole Sarvagata Ukrainsky, au terme de sa quatrième participation et première victoire.

Pour les autres, la pression du chrono est un peu plus présente. Seule la moitié devrait boucler les 5.000 km à temps, à condition qu'ils n'interrompent leur expérience spirituelle et sportive que quelques minutes par jour.

Depuis New York,

Gilles Clarenne

Ph: G. Clarenne