Arsenal en pleine plongée

par
Pierre
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Le cinquième album d'Arsenal, «Furu», est à la fois sombre et galvanisant. Le son du groupe, qui s'est largement inspiré de son séjour au Japon, est à la fois dance et direct. «Au départ, nous pensions que toutes les Japonaises étaient belles et la nourriture délicieuse partout. Ce qui s'est avéré par la suite totalement faux!»

Si vous deviez comparer «Furu» à vos disques précédents, que diriez-vous?

John Roan: «Je trouve qu'il se caractérise par un certain raffinement. Attention, cela ne signifie pas qu'un titre qui va droit au but a moins de valeur. Je veux dire que dans l'album précédent, ‘Lokemo', nous avions déjà donné l'impulsion d'un nouvel Arsenal. Ce que nous maîtrisons mieux aujourd'hui. Et ce qui nous frappe maintenant c'est que les différents titres de ce disque se prêtent très bien au live. Même si c'est une chose à laquelle nous ne pensions pas quand nous étions en studio

Hendrik Willemyns: «Furu signifie ‘tomber' en japonais. Et, à vrai dire, il y a deux types de titres: ceux qui volent et ceux qui tombent. Les gens que nous avons contactés pour collaborer à ce disque ont tous cette ‘chute en eux.»

John: «Nous avons vieilli. Il était bien plus question de voler dans nos premiers albums, et avec ‘Lokemo' nous étions déjà en train de tomber. C'est peut-être inévitable. Nous empruntons un autre chemin qu'à nos débuts.»

Pour beaucoup de gens, chuter est un cauchemar.

Hendrik: «Je ne pense pas non plus que tomber soit très amusant. Cette panique qui s'empare de tout votre corps. C'est un sentiment très intense mais aussi très étrange.»

John: «Je me demande si à un moment donné on n'éprouve pas une certaine satisfaction. Si on ne change pas d'état d'esprit.»

Hendrik: «Ça, je ne le pense pas, tu sais. J'ai vu des images de gens dont le parachute ne s'ouvre pas. On y voit qu'ils continuent à se battre jusqu'à la fin. Ce n'est pas comme quand on se noie ou qu'on gèle et que le cerveau n'est plus assez oxygéné.»

Dans quelle mesure ce disque est-il un disque japonais?

Hendrik: «Des musiciens japonais nous accompagnent. Certains jouent d'instruments traditionnels nippons. Et l'histoire qui est à la base de pas mal de titres se déroule au Japon pour plusieurs raisons, mais surtout parce que là-bas tout un tas de contrastes convergeaient joliment.»

John: «Le Japon est à la fois très important et pas important du tout. Une personne qui ne connaît rien à ce pays peut aussi parfaitement apprécier cet album.»

Le clip vidéo du premier single, «Black Mountain», est comme une suite de l'épisode consacré au «Norwegian Wood» de Murakami dans la série «Paper Trails».

Hendrik: «Absolument. Le disque est aussi accompagné d'un court-métrage. Celui-ci est prévu pour octobre. Ce projet s'appelle «Dance dance dance», et c'est aussi un livre de Murakami. Il m'a inspiré des thèmes sur l'immobilité et le mouvement, qui reviennent aussi dans certains titres. C'est grâce à cette série que vous venez de citer que nous sommes allés pour la première fois au Japon et que nous sommes tombés amoureux de ce pays!»

John: «Et le mot amoureux vous pouvez le prendre au sens littéral. Au départ, nous avions une image qui ne correspondait pas du tout à la réalité. Nous pensions que toutes les Japonaises étaient belles et la nourriture délicieuse partout. Ce qui est totalement faux! (rires) Mais c'est vraiment un pays fantastique.»

Le pays est aussi connu pour certains excès.

Hendrik: «C'est vrai, mais ils m'intéressent beaucoup moins. Vous avez ces débauches sexuelles, ces réunions d'affaires qui dégénèrent en semi-orgies et autres. Ces choses existent vraiment. Et vous avez aussi l'horreur et la culture manga, mais pour faire ce disque je n'ai pas trouvé ces phénomènes suffisamment

intéressants.»

John: «Ce qui est normal y est déjà suffisamment étrange, en fait.»

 

Jan Herregods

Arsenal est à Rock Werchter ce jeudi 3 juillet et Cactus Festival de Bruges le samedi 12 juillet