Comprendre les enjeux des élections et les coalitions au Parlement Européen

par
Laura
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Pour la première fois, les partis européens abordent l'élection des eurodéputés derrière un candidat commun dans les 28 Etats membres. Une de ces têtes de listes devrait, logiquement, présider la Commission européenne. Mais elle devra former une majorité.

C'est la grande nouveauté du scrutin européen de dimanche: les principaux partis politiques se retrouvent derrière une tête de liste commune. Jean-Claude Juncker chez les conservateur, Martin Schulz chez les socialistes, Guy Verhofstadt pour les libéraux, José Bové et Ska Keller pour les verts et Alexis Tsipras pour la gauche radicale, concourent pour prend la présidence de la Commission européenne. Un poste clé, puisque l'institution a le pouvoir d'initiative.

Le problème, c'est qu'aucun de ces partis ne devrait atteindre la majorité absolue de 376 élus (voir ci-contre). Il leur faudra donc mettre sur pied une coalition. «Quel que soit le vainqueur dimanche soir, il devra aller chercher des alliance dans le camps opposé. La gauche aura besoin de soutiens à droite, et la droite devra trouver au moins un allié à gauche», prévoit un membre du groupe socialiste. La «groko», grosse coalition à l'allemande qui réunit socialistes et conservateurs, devrait être théoriquement possible. «Certains y sont très favorables, d'autres sont au bord de la rupture d'anévrisme devant une telle hypothèse», reprend notre interlocuteur. «C'est une option qui pose quand même un problème, car on voit bien que la confusion entre gauche et droite alimente les extrémismes.»

La tête de liste socialiste, Martin Schultz, s'est plusieurs fois prononcée en faveur d'une majorité progressiste. Elle pourrait aller de la gauche radicale aux libéraux, en passant par les verts. Cette configuration placerait les socialistes au centre du jeu. Mais elle semble bien difficile à mettre en œuvre. Un élu vert la juge même «irréaliste», tant des divergences existent entre les quatre partis. Pour lui, c'est la «groko» qui devrait finir par s'imposer. Et si celle-ci risquait de manquer de stabilité, elle pourrait être renforcée par les voix des élus libéraux.

Pour certains élus, la mise en place de cette tripartite serait déjà acquise. «Les trois sont déjà en train de se répartir les grandes présidence, celles de la Commission, du Parlement, et du Conseil», estime l'un d'eux. «Faux! Personne ne va signer un accord de ce genre alors que le résultat du vote n'est pas encore connu» rétorque-t-on chez les socialistes. Reste que les derniers sondages font apparaitre cette hypothèse comme une des plus réalistes. Au risque de «brouiller encore un peu plus la frontière droite-gauche, et de devoir en assumer les conséquences lors du prochain scrutin, dans cinq ans.»

Les coalitions possibles:

La «groko» :

Ce scénario, réunissant socialistes et conservateurs, pourrait séduire un Conseil européen où Angela Merkel est très influente. Il reproduirait la majorité en place en Allemagne. Avec 418 eurodéputés, il offre une majorité absolue, mais sans grande marge de manœuvre.

La tripartite :

C'est le scénario offrant la plus large majorité, avec 477 sièges («Groko»+libéraux). Pour certains, elle est déjà acquise. Mais cela reviendrait à reconduire les partis qui dirigent l'Union depuis le début. Embêtant, alors que ses têtes de listes ont fait campagne en mettant en avant le besoin d'une «nouvelle Europe».

La progressiste :

Les socialistes pourraient être tentés par une coalition allant de la gauche radicale aux libéraux. Problème: il faudra faire cohabiter des points de vue très différents, notamment sur la question de l'austérité. A peine envisageable sur le papier, avec 357 élus, elle l'est moins dans l'hémicycle.

La centre droit :

Le PPE pourrait s'allier assez au groupe ECR, formé d'une scission au sein du groupe conservateur en 2009. Avec les libéraux de l'ALDE, ils regrouperaient 318 élus, loin de la majorité absolue. Et faire cohabiter les fédéralistes de l'ALDE avec les conservateurs de l'ECR serait loin d'être évident.

La centre gauche :

Les socialistes et démocrates, unis à la gauche radicale et aux verts, pourraient réunir plus de 300 élus. Une telle coalition pourrait également séduire quelques non-inscrits, comme les élus du parti pirate. Mais même ainsi, une coalition de ce type serait loin de pouvoir atteindre la majorité absolue.

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