En prison, la culture comme lueur d'espoir

Ils sont près de 10.000 à être enfermés dans l'une des 32 prisons de notre pays. Même s'ils ont été privés de liberté, ils ont aussi droit à des loisirs, comme le stipule l'article 24 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. L'asbl De Rode Antraciet pourvoit à ce droit avec une offre culturelle et sportive destinée aux détenus.
par
Camille
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«Je me sentais décliner mentalement. Je me suis alors dit: ‘Ne te laisse pas aller, fais ce que tu trouvais sympa avant, comme regarder des œuvres d'art et lire des livres'. Car c'est ainsi qu'on reste une personne humaine.» Ces paroles, c'est une détenue de la prison de Hoogstraten qui les prononce, un livre sur l'impressionnisme entre les mains. «Cela amène un peu de couleur dans la prison», explique-t-elle. «On a beaucoup de pensées qui ne sont pas très chouettes, et donc on s'évade dans tout ce qui est agréable.»

La prison est installée dans un vieux château. Une simple clôture sépare le complexe de la société. «Les nouvelles prisons sont de vrais bunkers d'acier, c'est à en devenir dépressif», explique Thomas Baeckens, responsable culturel à l'asbl De Rode Antraciet.

Humanité

«Le droit à la culture et aux loisirs s'adresse à tout le monde», martèle le responsable associatif. «De plus, la culture aide à remettre votre vie sur les rails, et à vous préparer à un avenir en dehors des murs de la prison.» S'imprégner de culture, les détenus peuvent le faire dans la bibliothèque de la prison. «Nous sommes ici seules dans une cellule, la solitude nous guette», raconte une détenue qui remplit la fonction de bibliothécaire. «C'est alors super d'avoir quelque chose comme un livre ou un CD pour briser le silence.» En plus des DVD et des livres d'histoire, il y a aussi des livres de géographie. «Les gens aiment bien les feuilleter. Pour rêver aux endroits où ils aimeraient se rendre quand ils seront libres», dit Thomas Baeckens.

Règles de sécurité

«Une prison n'est pas un contexte facile pour organiser quelque chose», précise Thomas Baeckens. «De Rode Antraciet aimerait faire entrer le monde extérieur, mais ce n'est pas toujours possible en raison des règles de sécurité.» La prison de Hoogstraten a un régime ouvert selon lequel la plupart des détenues travaillent la journée dans les ateliers. À la prison de Mons, il n'y a pas d'autre offre culturelle que la bibliothèque. Il y a aussi trop peu de travail, si bien que la plupart des détenus passent leurs journées dans leur cellule. «En Flandre, il existe un plan stratégique d'aide et de services aux détenus. En Wallonie, l'offre de loisirs dépend de la prison même», explique Thomas Baeckens.

Amnesty International décrit la situation dans les prisons belges comme dramatique. L'asbl De Rode Antraciet crée une lueur d'espoir dans l'obscurité, explique une détenue de Hoogstraten. «Les gens qui organisent des activités culturelles font la différence. Pour moi, il peut encore y en avoir plus, mais je comprends que le soutien est limité. Je pensais toujours aussi dans le temps ‘Ils ne l'ont pas volé, c'est bien fait'. Jusqu'à ce que vous vous retrouviez vous-même ici, et vous savez alors que la limite est vite franchie.»

La Belgodyssée, une initiative de la RTBF et de la VRT, en partenariat avec le Fonds Prince Philippe, Metro et L'Avenir, favorise la collaboration entre journalistes en herbe issus des différentes communautés de notre pays. Très concrètement, les jeunes travaillent en duos bilingues. Cette édition est consacrée à la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui fête ses 70 ans cette année. Dries Hiroux met en exergue l'importance de la culture pour les détenus.