Un manuel de français utilisé à Bruxelles pour les réfugiés au coeur de la polémique

Des phrases polémiques enseignées à des réfugiés lors d'un cours d'alphabétisation du cours de promotion sociale Erasme à Anderlecht font actuellement polémiques sur la toile.
par
Laura
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"Papa jette une bombe et va en prison", "Il a jeté une bombe et va en prison"... voici le genre de phrases découvertes dans le livre de lecture d'apprentissage du français utilisé pour travailler le son "on" dans le cours de promotion sociale Erasme.

"Est-on vraiment conscient qu'il s'agit de matériel didactique proposé par un pays d'accueil en vue de l'insertion?'", s'insurge Catherine Lemaire, habitante d'Anderlecht, sur Facebook. Proche de Raad, un Irakien de 38 ans arrivé il y a un peu plus d'un an, elle ajoute trouver cette leçon "proprement inadmissible".

"Je l'ai rencontré au moment où il a obtenu son statut de protection subsidiaire. Je l'ai hébergé pendant quatre mois lorsqu'il cherchait un appartement il y a un et depuis il vient tous les jours pour faire ses exercices de lecture" nous confie Catherine Lemaire. C'est en aidant le réfugié à à lire et à préparer ses dictées, que cette dernière a découvert la leçon.

Tout comme les internautes, Raad qui a suivi la "voie traditionnelle en passant par la Turquie", s'est dit "triste et choqué" en comprenant ce qu'il lisait. "Il a fuit l'Irak à cause des bombes", nous explique-t-elle en ajoutant que face à la polémique, Raad avait eu peur d'avoir des problèmes au sein de son école et vis-à-vis de son professeur "qu'il aime bien".

Suppression des phrases

Les phrases sont tirées d'un manuel d'alphabétisation "Niveau 2" qui aurait été rédigé il y a trois ans selon Bernard Delécluse directeur du centre. Interviewé par la RTBF, ce dernier affirme avoir pris contact avec l'équipe pédagogique afin de comprendre d'où proviendrait le problème.

Il ajoute également avoir demandé la suppression des phrases dans les prochaines versions du manuel tout en justifiant les difficultés à vérifier le matériel pédagogique de chacun des quarante professeurs. Cité par L'Avenir, Bernard Delécluse dit cependant regretter cette polémique en rappelant que "les professeurs sont des êtres humains qui faire des erreurs".

Mission d'inspection

Une polémique qui a également fait réagir Isabelle Simonis, la ministre de l'Enseignement de promotion sociale de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui a demandé une mission d'inspection. Se disant "choquée", elle rajoute trouver le choix de ces phrases "interpellant" surtout "dans le contexte actuel".

En attendant les nouvelles versions du manuel, Catherine Lemaire nous affirme que des feuilles volantes ont été distribuées aux élèves pour remplacer cette leçon durant le cours.