Absences de longue durée : les trentenaires craquent

Les absences de longue durée explosent chez les trentenaires et les jeunes quadra, relève Securex dans son enquête annuelle sur l'absentéisme au travail. Douleurs musculaires et troubles psycho-sociaux en seraient les causes. Les jeunes travailleurs courent aussi trop de chevaux à la fois.
par
Nicolas
Temps de lecture 3 min.

Les absences de plus d'un an concernent souvent les travailleurs âgés. Mais les chiffres de Securex, établis sur le vécu des entreprises auxquelles elle fournit ses services, nous enseignent une nouvelle tendance: l'explosion des absences de longue durée chez les trentenaires et les jeunes quadragénaires. Elles ont doublé en cinq ans et triplé en dix ans. Une tendance que le fournisseur de services en ressources humaines ne prédit pas à la baisse dans les années à venir.

Assis trop longtemps

Mais quel mal touche les jeunes travailleurs ? Les principales raisons des absences sont les douleurs musculaires et les troubles psycho-sociaux. Pour la première catégorie, une trop longue station assise et des mouvements répétitifs (personnel de caisse dans la grande distribution, par ex.) sont souvent pointés du doigt par les experts du bien-être au travail. Pour la seconde, il s'agirait de la toujours plus difficile conciliation d'une vie professionnelle épanouissante avec une vie privée qui l'est tout autant.

« Trente-quarante ans, c'est un âge où l'on a souvent des enfants en bas âge, on investit dans une habitation, etc.», détaille Caroline Closon, psychologue au Centre de Recherche en psychologie du travail et de la consommation de l'ULB. Ces situations ajoutent du stress et de la pression au travail. «La conciliation vie privée-vie professionnelle est de plus en plus compliquée d'autant plus que les sphères se multiplient.»

Boulot-Famille-Loisirs : tout à la fois

«Depuis les années 70-80, on accorde plus de place aux loisirs avec cette volonté de vouloir tout réussir : être un bon employé, être un bon père ou une bonne mère, être un bon partenaire, être un bon citoyen», ajoute Catherine Hellemans, également psychologue du travail à l'ULB. En d'autres termes, on s'est imposé trop d'objectifs, ce qui peut conduire à des situations de burn-out. Et cela s'observe aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Tous peuvent craquer.

Des solutions existent, mais aucun remède miracle. À chacun aussi de ne pas se mettre de pression inutile. Il y a va de notre santé. Les employeurs travaillent aussi au bien-être de leurs travailleurs. Encore faut-il ne pas se tromper de solution.

Patrons, lâchez un peu de lest !

Il serait faux de dire que les employeurs ne veillent pas au bien-être de leur personnel. «Dans tout ce qui est politique de conciliation familiale, les employeurs peuvent proposer des crèches, des systèmes de garderie, etc.», relève Caroline Closon. «Mais les politiques qui aident réellement le travailleur jouent sur la flexibilité. Et là les employeurs ont encore du mal à lâcher du lest.»

L'employeur pourrait proposer par exemple des horaires moins stricts qui permettraient au travailleur d'organiser sa journée plus librement, une affaire de confiance entre le patron et son employé. «Permettre du télétravail un ou deux jours par semaine est une piste également. On parle bien d'horaires flottants et non flexibles au sens de la Loi Peeters sur le travail faisable», distingue Catherine Hellemans. «On trouve aussi des organisation où le travail est fixé par objectif ou par charge de travail, car des personnes travaillent plus vite que d'autres.» La responsabilité de l'employeur peut être la seule engagée, conclut la psychologue. «Ne faudrait-il pas interroger notre modèle sociétal aussi?» Le débat est lancé.