Sorties cinéma: 'Life', 'Cartas da Guerra', 'A United Kingdom'

Life, de Daniel Espinosa
par
Maite
Temps de lecture 3 min.

Prisonniers dans une station spatiale flottant dans l'espace, des astronautes doivent affronter une créature qui semble invincible et faire preuve d'une intelligence diabolique. C'est déjà en soi une vraie performance que réalise ‘Life' en créant, avec ce point de départ, quelque chose qui parvient à garder l'attention du spectateur. Sachant en effet qu'il sera inévitablement comparé à ‘Alien', le chef-d'œuvre paralysant de Ridley Scott. Cette bataille, aucun film ne veut s'y engager et pour ‘Life' aussi, le pari est risqué, mais il en ressort tout de même la tête haute. Tout comme Scott, il y a près de 40 ans, le réalisateur Daniel Espinosa avait à sa disposition un groupe d'excellents acteurs pour raconter une histoire qui est, essentiellement, un film de série B. Il glisse en outre ici et là quelques commentaires sociaux intelligents, ce qui donne à l'ensemble plus de profondeur qu'on n'attendait. Mais ‘Life' y va fort côté rythme. Tout comme son modèle, il accorde au public un peu de temps pour faire plus ample connaissance avec les personnages. Une fois l'action entamée, cependant, le spectateur n'a plus guère l'occasion de reprendre ses esprits. ‘Life' est un bon divertissement, de belle facture et rondement mené, pour spectateurs aguerris. Bon voyage… (rn) 3/5

Cartas da Guerra, d'Ivo M. Ferreira

En 1971, António Lobo Antunes n'est pas encore l'écrivain et psychiatre renommé qu'il est aujourd'hui, mais un jeune homme amoureux de 28 ans. Il vient d'épouser sa première femme, et ils attendent leur premier enfant, lorsqu'il est appelé à servir comme médecin de guerre en Angola, où la guerre d'indépendance contre le Portugal a éclaté. Pendant les deux ans que durera son exil en Afrique, il écrira à sa femme plus de 200 lettres d'amour. Rassemblées en recueil paru en 2005, ces ‘cartes de la guerre' sont le fil rouge de ce film portugais: murmurées, déclamées ou chuchotées par les acteurs du film en voix off, elles racontent la douleur de la séparation, l'amour déchiré par le manque, et l'absurdité de la guerre. À cette bande-son viennent s'ajouter les superbes images en noir et blanc: paysages d'Afrique ou de Lisbonne, soldats en vadrouille, corps fragmentés, esseulés. À partir d'une période sombre de l'histoire de son pays, Ivo M. Ferreira signe un film d'une grande délicatesse, plein de douceur, d'élégance et de mélancolie. Un film unique et poétique, qui part de l'intimité d'un couple en particulier, pour évoquer l'histoire de toute l'humanité. (em) 3/5

A United Kingdom, de Amma Asante

Beaucoup de petites filles rêvent d'épouser un prince. Mais ce n'est pas toujours aussi féerique qu'on le croit: en 1947 à Londres, Ruth rencontre Seretse. Un homme, une femme: ils tombent amoureux et veulent se marier. Le souci, c'est que Seretse est le futur roi du Bechuanaland, un pays africain sous protectorat britannique. Et donc cette relation interraciale ne plaît ni aux parents de Ruth, ni au gouvernement anglais… et encore moins au Bechuanaland, où on aimerait voir Seretse épouser une femme de sa tribu. Sans parler de l'Afrique du Sud, le pays voisin où l'apartheid va bon train. Cette love-story sur fond de racisme et de politique internationale est tout sauf une fiction: c'est l'histoire vraie du premier Président de l'actuel Botswana. Après ‘Belle' sur l'histoire d'une métisse dans l'aristocratie britannique, la réalisatrice Amma Asante réunit David Oyelowo (‘Selma') et Rosamund Pike (‘Gone Girl) dans un film à la facture classique, qui navigue de l'austérité anglaise aux tons chauds de l'Afrique. Divertissant mais sage, on retiendra surtout l'histoire vraie qui l'a inspiré. (em) 2/5