Avec le streaming, la musique pop va plus vite

Le streaming a accéléré l'espace-temps musical. La façon dont on y accède, bien sûr, mais aussi la vitesse de la musique pop elle-même.
par
Pierre
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C'est ce qui ressort d'une étude américaine menée par le doctorant en théorie musicale Hubert Leveille Gauvin, à l'université d'Etat de l'Ohio. Avant de parvenir à cette conclusion, le chercheur a analysé les tubes figurant dans le top 10 du classement américain entre 1986 et 2015.

En 1986, il fallait attendre en moyenne quelque 23 secondes avant d'entendre une voix. En 2015, ce chiffre est tombé à cinq secondes, soit une chute moyenne de l'ouverture instrumentale de 78%, a-t-il déterminé.

Dans son étude parue dans le journal des sciences musicales Musicae Scientiae, Hubert Leveille Gauvin attribue ce changement à l'émergence des plateformes d'écoute musicale en streaming. Celles-ci, Spotify en tête, donnent un accès instantané à des millions de morceaux.

Attirer l'attention au plus vite

"Il est logique que dans un environnement aussi compétitif, les artistes veuillent essayer d'attirer votre attention aussi vite que possible", explique-t-il.

"Nous savons que la voix est l'une des choses qui attire le plus l'attention", poursuit-il, soulignant par exemple que les personnes souhaitant se concentrer écoutent généralement de la musique instrumentale.

Une étude parue en 2014 sur les habitudes d'écoute sur Spotify avait mis en évidence que 21% des chansons sont passées par les auditeurs durant les cinq premières secondes.

Une vraie stratégie?

Le raccourcissement de la musique instrumentale et l'accélération du rythme relèvent-ils d'une stratégie de la part des artistes?

"Je pense que c'est partiellement volontaire, mais il s'agit juste de s'adapter à votre environnement, que vous en soyez conscient ou non", répond l'auteur.

Cette tendance lourde n'a toutefois pas complètement lissé la production et la diversité existe toujours, nuance-t-il. "Somebody That I Used to Know" de Gotye, en tête du classement en 2012, avait par exemple une introduction instrumentale de 20 secondes.

L'étude ne s'intéressant toutefois qu'aux plus gros succès, elle ne prend pas du tout en compte un pan entier de l'industrie musicale.