L'examen d'entrée en médecine voté, reste à résorber l'excédent de quotas

Le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles adoptera ce mercredi l'avant-projet de décret instaurant, dès la rentrée académique prochaine, un examen d'entrée pour accéder aux études de médecine et de dentisterie. Reste à régler quelque points épineux.
par
Gaetan
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Après vingt années de résistance, la Communauté française va se doter mercredi d'un examen de sélection à l'entrée des études des médecine (et de dentisterie), comme le pratique la Flandre depuis deux décennies déjà.

Le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles doit en effet approuver -sans grand enthousiasme- en séance plénière un projet de décret en ce sens, ponctuant ainsi une saga politique aux forts relents communautaires.

En deux parties

L'épreuve, qui sera organisée pour la première fois le 8 septembre prochain de manière centralisée, évaluera huit matières rassemblées en deux parties distinctes.

La première évaluera les connaissances scientifiques (biologie, chimie, physique et mathématiques) des candidats, la seconde s'attachant à leurs capacités de communication, d'analyse critique, d'éthique et d'empathie, des aspects jugés importants pour l'exercice des professions de soins.

Pour réussir l'épreuve, les candidats devront obtenir une moyenne d'au moins 10 sur 20 pour chacune des deux parties, mais avec un minimum de 8 sur 20 pour chacune des huit matières évaluées.

15 jours de délais 

Dans une interview à la presse en novembre dernier, le ministre Marcourt estimait qu' un étudiant sur dix» seulement réussirait le futur concours.

Les questions et les modalités d'évaluation de l'examen seront élaborées par un jury composé d'une dizaine de professeurs de médecine en Fédération Wallonie-Bruxelles, en association avec les services de l'inspection de l'enseignement secondaire.

Les résultats seront rendus publics 15 jours au plus tard après la tenue de l'épreuve. Tous les candidats qui réussiront l'épreuve seront admis en 1er bachelier de médecine/dentisterie uniquement au cours de l'année académique suivante.

Deux chances en cinq ans

Un candidat ne pourra présenter l'épreuve que deux fois sur une période de cinq années. Le nombre d'étudiants non-résidents autorisés à s'inscrire en 1er bachelier sera toutefois limité à 30% de la cohorte.

Pour éviter les inscriptions fantômes, chaque candidat devra débourser 30 € au moment de l'inscription. Ce montant lui sera toutefois remboursé s'il présente bel et bien l'épreuve.

Cette inscription devra se faire via le site de l'Académie de recherche et d'enseignement supérieur (ARES) avant le 1er août 2017 inclus.

A partir de la rentrée de 2018, sur proposition de l'ARES, cet examen pourrait toutefois être organisé deux fois: une première début juillet, l'autre avant la rentrée académique de septembre.

Trouver les numéros Inami

L'introduction de cet examen d'entrée en Fédération Wallonie-Bruxelles ne vide toutefois pas complètement le contentieux avec le fédéral.

La Fédération ayant fait sa part du chemin, elle attend maintenant du fédéral qu'il fasse de même, à savoir garantir l'octroi d'un numéro Inami pour tous les étudiants en cours de formation et clarifier plusieurs points toujours en suspens.

Le premier concerne les étudiants actuellement en 1er bachelier. Ceux-ci doivent théoriquement présenter le concours d'entrée prévu -pour la dernière fois- à la fin du mois de juin. Problème: le nombre de quotas destinés à cette promotion n'a pas été adopté dans les temps impartis, ce qui fait que ce concours a de fortes chances d'être invalidé, comme ce fut le cas l'été dernier.

Vu ce risque juridique, il conviendrait sans doute d'annuler l'épreuve, et de laisser passer tous les étudiants qui décrocheront le nombre de crédits suffisant.

«Lissage négatif»

Mais la ministre fédérale consentira-t-elle à garantir un numéro Inami à tous ces étudiants alors que les quelque 250 «reçus-collés» admis en 2e bachelier en septembre dernier n'ont reçu aucune assurance à cet égard...

Pour Maggie De Block, tous les numéros Inami surnuméraires alloués aux francophones devront être récupérés. C'est le «lissage négatif».

Que l'on tienne compte ou pas des étudiants français (nombreux en Fédération), ce surplus varie, selon certaines estimations, de 1.500 à 3.000 étudiants à résorber sur une période qui reste, elle aussi, à déterminer.

Plus celle-ci sera courte, plus les restrictions d'accès aux études devront être drastiques, ce qui pourrait mener, redoutent d'aucuns, à la fermeture temporaire de certaines facultés de médecine du sud du pays...