19 jours sur un big wall de Patagonie

Tout le monde connaît la Patagonie. Les adeptes de montagne connaissent également ses big walls, ces falaises vertigineuses hautes de plus de 1.000 mètres. Trois grimpeurs belges viennent de réussir la première ascension en libre de l'un de ces murs.
par
Camille
Temps de lecture 2 min.

Grimper, en escalade libre, El Regalo de Mwono, l'un des célèbres big walls des montagnes de Patagonie. Le défi pouvait sembler insensé. La voie a été ouverte en 1992 par une équipe anglaise. Mais ses membres avaient dû avoir recours à l'escalade artificielle pour venir à bout de la paroi, souvent lisse et sans prise possible. Il fallait donc réunir des grimpeurs parmi les meilleurs, et peut-être les plus acharnés, pour parcourir cette falaise sans recourir aux étriers et autres outils de «l'artif'». Mais ce défi avait tout pour plaire aux grimpeurs expérimentés que sont Siebe Vanhee, Sean Villanueva, et Nicolas Favresse.

L'exploit aura tout de même demandé… 19 jours d'effort au trio. L'équipe avait prévu des vivres pour une ascension de 15 jours. Mais des conditions météo difficiles ont fortement ralenti le début de l'expédition. «Les trois premiers jours sur la paroi sont devenus sept à cause du mauvais temps», explique Siebe Vanhee. «Nos cordes étaient couvertes de neige ou totalement mouillées. Ça a fortement compliqué l'ascension.»

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Une planche de 2m² pour vivre sur un big wall

Au fur et à mesure que le ciel devenait plus clément, les trois grimpeurs ont pu progresser et installer un premier camp sur la falaise. Cette plateforme, appelée portaledge, permet de dormir allongé, et d'avoir un peu d'espace pour manger. Ces 2m² n'offrent qu'un confort très relatif, mais ils sont tout de même indispensables pour qui s'attaque à un big wall. Rapidement, le camp a été porté un peu plus haut, juste sous les passages les plus difficiles de l'ascension.

«Le froid, le vent, la neige et la glace dans les fissures ont fait de cette escalade libre une rude épreuve», souligne encore Siebe Vanhee. «Nous ne pouvions faire qu'entre une et trois longueurs avant de devoir retourner nous abriter dans le portaledge afin de se réchauffer les doigts et les orteils.» Après avoir lutté contre le froid, Siebe Vanhee, Sean Villanueva et Nicolas Favresse ont enfin foulé le sommet, avec quelques jours de retard et après avoir dû rationner leurs provisions. «Nous n'avions pas prévu assez de nourriture, mais il était hors de question de renoncer si près du but», raconte encore le grimpeur. Et de conclure: «Cette ascension est, sans hésitation, la plus dure que nous ayons tentée.»