Samedi, des milliers de villes éteindront leurs lumières pour l'opération Earth Hour

Pour la 11e année, les villes éteindront leurs lumières samedi pour l'opération Earth Hour. Pourtant bien des progrès restent à faire pour ancrer au quotidien un geste essentiel pour le climat, la faune et la santé des humains.
par
ThomasW
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Les Belges invités à éteindre la lumière

Le WWF organisera samedi pour la neuvième fois consécutive en Belgique l'opération Earth Hour (Une heure pour la planète) afin de rappeler à tous la nécessité d'agir pour protéger la biodiversité face au changement climatique. De 20h30 à 21h30, des millions de personnes aux quatre coins du monde éteindront symboliquement la lumière pour montrer que la lutte contre le changement climatique nous concerne tous, poursuit le WWF. Le WWF invite par ailleurs les Belges à mettre leur photo de profil Facebook aux couleurs de l'opération.

A Bruxelles, La STIB diminuera, quant à elle, l'intensité de l'éclairage dans 54 des 69 stations du métro bruxellois pendant une heure, en soutien à l'action.

Toujours plus de lumière

"Historiquement, l'éclairage a été conçu sans penser à l'environnement. En 2017, il est temps d'évoluer", exhortent les défenseurs du ciel étoilé.

Désormais plus de 80% de l'Humanité vit sous des cieux inondés de lumière artificielle, selon une étude scientifique de 2016. Aux Etats-Unis et en Europe occidentale, 99% de la population est concernée, dont la majorité ne peut même plus voir la Voie lactée.

Selon l'atlas produit par ces chercheurs, un Parisien doit faire 1.000 km, jusqu'en Corse ou en Ecosse, pour trouver un grand ciel parfait. Pays le plus affecté ? Singapour, où personne ne peut voir la nuit noire.

A l'inverse, 3/4 des habitants connaissent des nuits pures au Tchad, en République centrafricaine, à Madagascar. En Europe de l'Ouest, seules des poches sont épargnées en Ecosse, Suède, Norvège, Espagne, Autriche.

Pour Diana Umpierre, présidente de l'International Dark-Sky Association (IDA), "le plus dur est de convaincre que la lumière n'est pas forcément synonyme de sécurité. C'est même souvent le contraire" quand on pense par exemple à la vitesse sur la route. "Nous grandissons avec la peur du noir. Le défi pour les élus est d'éclairer sur la base des connaissances scientifiques, de la rationalité".

La lumière est un gouffre énergétique

L'alerte est d'abord venue des astronomes. En 1958, Flagstaff (Arizona) a la première restreint l'usage des lumières, pour protéger l'observatoire. Depuis une quinzaine d'années, biologistes, médecins, ONG, et même l'UNESCO, ont pris le relais. "Earth Hour", organisé par le WWF, rappelle, au nom du climat, que la lumière est un gouffre énergétique.

En Italie, en Slovénie... des collectivités commencent à agir. En France, nombre de communes ont réduit les durées d'éclairage (un poste gourmand: 40% de leur consommation électrique!). Sauf que globalement, le nombre de points d'éclairage public a aussi crû de 30% dans ce pays depuis 25 ans, relève l'Agence pour l'environnement (Ademe).

 

Les bienfaits du noir

"Eclairer reste un signe de richesse pour les villes", explique Bruno Lafitte, de l'Ademe. Pourtant "les paysages nocturnes ont inspiré des civilisations, c'est notre patrimoine", plaide Anne-Marie Ducroux, de l'Association pour le ciel nocturne. L'excès de lumière perturbe la reproduction d'espèces, prive les oiseaux de boussole (les étoiles), épuise les insectes, trouble les saumons en migration...

Pour l'homme lui-même, le dérèglement du "rythme circadien" est au coeur des préoccupations: notre horloge biologique, fondée sur l'alternance veille-sommeil, régule fonctions biologiques et hormonales.

Aussi l'Association médicale américaine (AMA), première association de médecins aux États-Unis, mobilise-t-elle contre la pollution lumineuse, "potentiellement dommageable via l'éblouissement et la perturbation du sommeil". "Bien que les données émergent, des éléments montrent un risque de maladies chroniques accru", écrit l'AMA mi-2016.

Les LED inquiètent

Les défenseurs de la voûte céleste s'alarment aujourd'hui de l'expansion des diodes électroluminescentes (LED). "Sauf à se préoccuper de la couleur et du niveau d'éclairage, les LED pourraient doubler voire tripler la luminescence du ciel", préviennent les chercheurs de l'atlas mondial. En cause, des longueurs d'onde bleues, générant une lumière très blanche.

Alors que 10% de l'éclairage public américain a déjà basculé vers cette technologie (plus économe en énergie), que du Nord au Sud des pays engagent des investissements de long terme, les avocats de la nuit préconisent des LED moins bleues, des abat-jour protecteurs pour les lampadaires, un usage limité aux besoins (extinction automatique, capteurs de trafic etc).

Dans de nombreux endroits s'organisent des mobilisations citoyennes. A Madrid, une pétition demande une étude d'impact. Quant à Québec ou Montréal, elles ont opté pour des LED "ambrées", comme Phoenix (Arizona) après protestation de riverains.

AFP PHOTO / dpa / Gregor Fischer