Attentats du 22 mars: les victimes se sont organisées pour être entendues

Les survivants des attentats et les proches des disparus veulent être entendues. Deux associations se sont créées pour défendre la mémoire de celles et ceux qui nous ont quittés et garantir une reconnaissance à ceux qui restent.
par
Nicolas
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Touchées dans leur corps et dans leurs esprits, les victimes et leurs proches ont entamé depuis un an un lent travail de reconstruction physique et psychologique.

À cette douleur inscrite en eux à jamais, se sont ajoutées de toutes aussi lourdes démarches administratives pour être reconnus. Ici aussi, la solidarité est primordiale.

Belga / D. Lebrun

Lors de la cérémonie d'hommage hier à l'aéroport, Eddy Van Calster a entonné une émouvante chanson pour rendre hommage à ceux qui ne sont plus là. Lui a perdu son épouse Fabienne. Avec Philippe Vansteenkiste, le frère de cette dernière, il a décidé de créer une association, V-Europe AISBL, pour se soutenir entre victimes ou proches de victimes. Lors de la création de l'association en décembre, les fondateurs de V-Europe ont dénoncé le labyrinthe administratif amplifié par la lasagne institutionnelle belge. Contrairement à la France, point de centre national d'aide aux victimes chez nous.

Réunir et partager

Parmi ses objectifs, V-Europe souhaite également «agir pour la manifestation de la vérité pour comprendre tout ce qui a pu se passer». Ses membres suivent de près les évolutions de l'enquête mais aussi les travaux de la commission d'enquête parlementaire, actuellement en cours à la Chambre.

Dans une optique un peu différente, Loubna Selassi a choisi elle aussi d'apporter son soutien à ceux qui ont vécu comme elle de si près les attaques terroristes. Son mari a perdu sa jambe gauche à Brussels Airport. Avec d'autres, elle a fondé Life4Brussels, une association qui entend agir sur un autre terrain que V-Europe. Son aide aux victimes et à leurs proches, elle la conçoit par des activités sociales et culturelles. Life4Brussels souhaite également une reconnaissance pleine et entière des victimes du terrorisme.

Le dialogue avec les autorités du pays avance, mais il est lent, trop lent souvent.

Se serrer les coudes apparaît dès lors comme leur meilleur moyen pour ne pas laisser tomber.

Un dédommagement enfin accéléré

Dans les mois qui ont suivi les attentats du 22 mars, les assureurs ont reçu des demandes d'indemnisation de 1.361 victimes, parmi lesquelles figurent 27 morts et 226 personnes sérieusement ou grièvement blessées. Bien sûr la compensation financière n'était pas la perte d'un être cher et ne soulage pas un corps parfois meurtri à jamais. Cependant, cette indemnisation participe au devoir de reconstruction. Plusieurs victimes ou proches de celles-ci expriment depuis le début de l'année leur sentiment d'abandon face aux démarches compliquées et parfois kafkaïennes qu'il doivent entreprendre, notamment vis-à-vis des assurances.

Le Premier ministre Charles Michel s'est concerté avec les compagnies pour tenter de résoudre les problèmes qui se posent. Le secteur des assurances s'est engagé à proposer un règlement «unique et exceptionnel» du dommage moral encouru par les 1.361 victimes. L'indemnisation de ce dommage sera ainsi accélérée, selon un accord conclu avec les autorités fédérales et présenté vendredi dernier. Les montants versés seront par ailleurs revus à la hausse et doublés dans la plupart des cas, selon la situation des victimes ou de leurs ayants-droit, dans le cas où elles sont décédées. Depuis une loi de 2007 relative à l'assurance contre les dommages causés par le terrorisme, les compagnies sont en mesure d'indemniser intégralement l'ensemble des dommages (corporels, matériaux et moraux), même face à des situations aussi extrêmes.