Amnesty dénonce des «marchands de peur» qui détériorent les droits humains
«En 2016, l'utilisation cynique de discours identitaires distillant la peur et la haine a atteint des niveaux inégalés depuis les années 30.» C'est par les mots de son secrétaire général Salil Shetty qu'Amnesty International dénonce une dégradation mondiale des Droits de l'Homme dont sont responsables des hommes politiques qui usent de discours «clivants et déshumanisants».
L'ONG n'hésite pas à balancer des noms de dirigeants qu'elle juge coupables d'alimenter un climat de peur par des «programmes nocifs» qui chargent et déshumanisent des pans entiers de la population utilisés comme boucs émissaires. À l'image des politiques discriminatoires, racistes, misogynes ou homophobes qui ont été renforcées ici et là afin d'embrasser des ambitions électorales.
159 pays analysés
Dans ce rapport annuel qui a analysé le respect des droits fondamentaux dans 159 pays, Amnesty pointe une tendance mondiale. Mais l'ONG fustige tout autant l'inaction de la communauté internationale qui ferme les yeux sur les atrocités commises.
L'organisation cloue notamment au pilori les crimes de guerre perpétrés dans au moins 23 pays en 2016, l'utilisation de la torture et de la surveillance de masse. Elle fustige des restrictions à la liberté d'expression dans de nombreux pays asiatiques ou les meurtres commis aux Philippines sous couvert d'une lutte nationale contre les trafiquants de drogue. Elle regrette l'instauration de mesures de sécurité intrusives en France.
Ph. Amnesty
Les réfugiés ciblés
Mais parmi ces dégradations des droits fondamentaux, Amnesty insiste particulièrement sur la crise migratoire. Pour ne citer qu'eux, elle dénonce la mauvaise gestion européenne de la crise des réfugiés et condamne le dernier décret migratoire controversé aux États-Unis. Ces constatations s'accentueront en 2017, s'inquiète Amnesty qui prophétise des attaques «ethniques, genrées ou encore religieuses une scène internationale chaotique».
L'organisation appelle dès lors à une prise de conscience face à ces situations critiques qui nécessiteront une coopération internationale inédite. Une reprise en main qui passe aussi par le commun des mortels, en droit de «demander à son gouvernement de dénoncer ces d'atteintes aux droits humains».
Gaëtan Gras