Mel Gibson : «Je prie tous les jours. Pour faire taire les petites voix dans ma tête.»

Mel Gibson (60 ans) n'est certainement pas un ange, et avec son bouc grisonnant, il a même quelque chose de diabolique, mais il croit toujours aussi fort en Dieu.
par
ThomasW
Temps de lecture 4 min.

En témoignent non seulement les films qu'il réalise -après ‘La Passion du Christ' (‘The Passion of the Christ'), il présente dans ‘Tu ne tueras point' (‘Hacksaw Ridge') un héros de guerre profondément croyant – mais aussi ses rituels quotidiens: sans une petite prière matinale, Gibson est perdu, a-t-il avoué à Metro.

‘Hacksaw Ridge' est l'histoire vraie de Desmond Ross, un médecin de l'armée qui, en raison de ses convictions religieuses, refusait de toucher une arme, mais qui risqua néanmoins sa vie en 1945 pour sauver 75 simples soldats. Qu'est-ce qui vous a plu dans son histoire?

Mel Gibson: «J'aime énormément les histoires de héros. Les histoires de gens ordinaires qui font des choses extraordinaires dans des circonstances difficiles. J'ai beaucoup d'admiration pour ça. Cela m'inspire aussi d'entendre ce genre d'histoires, surtout si elles sont authentiques. Un homme qui part à la guerre sans arme, et puis qui va traîner des gens du champ de bataille alors que les balles sifflent à ses oreilles… Je veux comprendre ce qui motive une telle personne. Ce film montre la force de l'esprit humain: un homme qui se transcende et dépasse sa situation.»

Desmond puise cette force dans sa foi. Le pourriez-vous aussi?

«Je l'espère, mais je n'oserais pas y mettre ma main au feu. Je ne connais pas la solidité de ma foi. Les gens comme Desmond sont tout simplement extrêmement solides -alors qu'il ne se passe pas une journée entière sans que je ne commette d'erreurs.»

Vous avez déjà fait un film sur Jésus, et maintenant vous nous montrez un héros de guerre profondément croyant. Quelle est l'importance de votre foi pour vous?

«Je crois dur comme fer qu'il y a quelque chose de plus grand que moi. Car sinon, je serais Dieu, et là nous aurions vraiment un problème. (rires) Je suis un homme qui a beaucoup de défauts, j'ai donc vraiment besoin de quelque chose de supérieur pour triompher de moi. C'est la seule façon pour moi de réussir à vivre.»

Priez-vous tous les jours?

«Oui, tous les matins. C'est la toute première chose que je fais quand j'ouvre les yeux. Ou même encore avant cela. Car si je ne suis pas assez rapide, je commence à entendre des petites voix. Des petites voix qui me chuchotent de très mauvaises idées, et qui me persuadent que ce sont de très bonnes idées. (rires) Quand je ne suis pas encore tout à fait réveillé, je vois même parfois ma propre tête au bout de mes pieds en train de me parler. Alors, je veux m'en débarrasser le plus vite possible avec une prière. (rires

Pour en revenir à ‘Tu ne tueras point': un film avec beaucoup de scènes très spectaculaires et difficiles. Comment s'est passé le tournage?

«Il a été très dur, car nous ne disposions en réalité que d'un budget relativement restreint. ‘Hacksaw Ridge'(‘Tu ne tueras point') est un film indépendant. Un grand film indépendant, mais quand même. Nous avions trop peu d'argent et trop peu de temps, mais nous y sommes tout de même parvenus. Parce que nous avions les bonnes personnes au bon endroit: toute l'équipe a été formidable.»

Les scènes de guerre sont extrêmement crues et chaotiques, à la fin je me sentais même un peu shell shocked. Était-ce le but?

«Absolument! Il fallait que ce soit bruyant et in your face. Je voulais ainsi vraiment donner au public la sensation de vivre une guerre, d'être au beau milieu de l'action. Sans travailler avec la 3D ou d'autres trucages. Vers la fin, il y a une scène où Desmond descend d'une colline avec une sorte de stress post-traumatique: je voulais que le public se sente à ce moment-là tout aussi traumatisé que lui.»

Desmond tient énormément à ses principes, mais il a en même temps le courage de se remettre en question aussi. Vous reconnaissez-vous là-dedans?

«Bien sûr. Chaque fois que je vais faire un film, je me mets à douter de moi. Quand approche petit à petit la période de tournage, je suis terrifié. À la veille du premier jour de tournage, je vais à coup sûr vomir d'angoisse. Dès que je commence vraiment à tourner, tout s'arrange, mais quand même: ce doute qui tenaille Desmond, il est très reconnaissable pour moi. La question qui revient toujours: ‘En suis-je bien capable?' Mais cela me semble sain.»

Cela faisait à nouveau dix ans depuis la sortie de votre film précédent ‘Apocalypto'. Pourquoi avez-vous attendu aussi longtemps?

«J'ai constamment des idées, vous savez, seulement je suis souvent le seul à les trouver bonnes. (rires) Cela veut dire que, dans le passé, j'ai souvent mis mon propre argent dans mes films. Vous pouvez y laisser pas mal de plumes, j'ai donc arrêté de le faire. Mais cela veut dire aussi que j'ai besoin d'un peu plus de temps maintenant pour arriver à monter de nouveaux projets…»