Mini transat 6.50 : Seul face aux vagues de l'Atlantique

Il ne faut pas forcément disposer d'une bête de course de 18 m pour traverser l'Atlantique à la voile. Le Bruxellois Martin Callebaut s'y essaiera, sur un mini 6.50.
par
Camille
Temps de lecture 4 min.

6,5 mètres, voilà la taille du bateau sur lequel Martin Callebaut traversera l'Atlantique d'ici un an. C'est aussi la taille des creux que les marins affrontent régulièrement lors des coups de vent au milieu de l'océan. La Mini Transat, qui relie la Rochelle à la Martinique, est souvent considérée comme l'antichambre des grandes courses professionnelles. Le marin Bruxellois et ses concurrents s'élanceront dans cette délicate traversée le 1er octobre prochain.

D'ici là, tout le monde se prépare. «Je n'ai qu'une expérience limitée de la voile», concède Martin Callebaut. «Je viens seulement de participer à ma première transat en solitaire, vers les Açores. Je suis un peu ‘Monsieur tout le monde' qui aime vraiment naviguer. Mais j'avais une immense envie de me lancer dans l'aventure. Alors je l'ai fait.» Pour celui qui a fait carrière dans la finance et le marketing, le changement est brutal. La cote de marin et les vestes imperméables ont remplacé le costume cravate. «Je voulais me confronter aux grands espaces, apprendre la solitude, l'apprivoiser. Et surtout, ne pas être déçu dans 20 ans de ne pas avoir réalisé mon rêve.»

20 jours en solo

Depuis plusieurs mois, le marin a pris ses quartiers en Bretagne, à Lorient. Il navigue dès que possible, se frottant aux différentes conditions météo imaginables. Pour le moment, il lui faut affronter le froid de l'automne. «On dit souvent que vivre son rêve, ce n'est que du bonheur… certes, mais c'est aussi de la souffrance parfois!», souligne-t-il. Souffrance qui, pourtant, ne fait que donner plus de valeur à l'objectif poursuivi.

Cet été, le skipper s'est aligné sur la SAS, une transat qui l'a mené de La Rochelle aux Açores, traversant déjà un tiers de l'Océan atlantique. À l'exception d'une radio VHF, tout moyen de communication était interdit à Bord. Moralement, la course a été éprouvante. «J'étais dernier, j'en ai pleuré. Après, l'avantage d'être derrière les autres, c'est qu'on est accueillis par tous les skippers en franchissant la ligne d'arrivée.» Cette expérience lui a toutefois permis d'effectuer d'immenses progrès et d'augmenter ses performances de navigation en solitaire. Une habitude à la solitude qui ne sera pas de trop lors de la traversée de l'atlantique. Des Canaries à la Martinique, c'est une vingtaine de jours de course en solo qui attend les marins.

 

La vie à bord d'un 6.50

«La bateau n'est pas équipé pour être confortable», explique Martin Callebaut. Tout a été optimisé pour rendre possible la traversée de l'Océan atlantique. Dans la cabine, l'espace est limité à 2m³, l'équivalent de l'intérieur... d'une Twingo. «Quand on arrive à terre après avoir navigué là-dedans, on a juste envie de faire du vélo, avoir de l'espace pour se dégourdir les jambes. Rien que marcher dans un couloir devient un luxe !». La Mini transat 6.50, qui relie La Rochelle à la Martinique, se fait avec un matériel limité. Pas de moyen de communication à bord excepté une radio, pas d'ordinateur… «Cela implique d'emmener de nombreuses cartes, des catalogues avec les horaires de marées.» Avec en plus les réserves d'eaux, de nourritures, et les voiles, cela fait partie des charges qui équilibrent le bateau pendant la course. Autant de lourdes caisses qu'il faudra déplacer à dans la cabine au gré des différents réglages. «En arrivant, difficile de ne pas avoir le dos en compote», sait déjà le skipper.

Course en solitaire de la classe mini entre les Sables d'Olonne et l'île de Faïal aux Açores. Courses en 2 étapes. 2540 miles

La gestion du sommeil

Toute la difficulté de la course en solitaire est de gérer le bateau quand l'unique skipper dort. «La mer est pleine de dangers», souligne Martin Callebaut. Il faut évidemment s'adapter aux caprices du temps. Mais aussi être vigilant : des containers tombés des cargos flottent parfois en surface sans être facilement repérables, et peuvent abîmer le bateau en cas de choc. Il peut également arriver de percuter un cétacé. « On dort très peu », souligne le skipper. La plupart du temps, il faut se contenter de siestes de 20 minutes. En cas de situation plus stable, il est possible de s'accorder une heure de sommeil ininterrompu. Pour ne pas risquer de manquer le réveil, Martin Callebaut emmène avec lui un puissant buzzer. «Ce truc réveillerait un mort !».