Mort de Shimon Peres, le faucon devenu colombe

Shimon Peres est décédé la nuit dernière. Ancien Premier ministre israélien, il était un fervent partisan du dialogue avec les Palestiniens, "seul moyen de parvenir à la paix".
par
Camille
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Shimon Peres a été présent sur le devant de la scène politique pendant plus de 65 ans, depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948 jusqu'à la fin de son mandat de président (2007-2014). Le fait marquant de cette longue carrière fut la signature des accords d'Oslo en 1993, dont il est un des principaux architectes. Ces négociations lui ont d'ailleurs valu le prix Nobel de la paix, obtenu conjointement avec le Premier ministre de l'époque Yitzhak Rabin et le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat. Mais Peres sera mort sans voir se réaliser l'établissement d'un Etat palestinien, qui devait être l'aboutissement de cet édifice diplomatique.

Né au Bélarus

Né à Vishneva en 1923, dans ce qui était alors la Pologne et aujourd'hui le Bélarus, arrivé onze ans plus tard en Palestine alors sous mandat britannique, Peres était l'ultime représentant d'une génération de dirigeants qui ont fait leurs premières armes, au propre comme au figuré, au moment de la création d'Israël. Classé parmi les "faucons" travaillistes, Shimon Peres a cautionné, alors qu'il était ministre de la Défense dans les années 1970, les premières colonies juives en Cisjordanie. Israël lui doit ses puissantes entreprises d'armement et ses industries aéronautiques. Il est considéré comme le père du programme nucléaire israélien, via la construction du réacteur de Dimona.

Celui qui rejetait autrefois tout compromis avec les pays arabes hostiles disait avoir été converti après 1977 et la visite historique du président égyptien Anouar el-Sadate à Jérusalem conduisant au premier traité de paix arabo-israélien (1979). "Il n'y a pas d'alternative à la paix. Faire la guerre n'a pas de sens", disait-il en 2013. Le processus de paix a un "objectif clair: avoir un Etat juif appelé Israël et un Etat arabe appelé Palestine qui ne se combattraient pas mais vivraient ensemble dans l'amitié et la coopération".

Après avoir quitté ses fonctions de président en 2014, il n'avait rien perdu de sa vivacité et avait continué à sillonner le monde, en tant qu'orateur prisé dans les congrès mondiaux. Cet éternel battant avait confié en 2012 que le secret de sa longévité consistait à faire de la gymnastique tous les jours, à manger peu et à boire un ou deux verres de bon vin. Il précisait qu'il ne dormait que quatre ou cinq heures par nuit.

Hommages internationaux

De nombreux dirigeants internationaux ont rendu hommage à l'ancien prix Nobel de la Paix. François Hollande, le président allemand Joachim Gauck ou encore l'ancien président américain Bill Clinton ont fait part de leur émotion. "Ce soir, Michelle et moi nous joignons à tous ceux qui, en Israël, aux Etats-Unis et dans le monde entier, rendent hommage à la vie extraordinaire de notre cher ami Shimon Peres, un homme d'Etat dont l'engagement pour la sécurité et la recherche de la paix était fondé sur son inébranlable force morale et sur son indéfectible optimisme", a noté Barack Obama.