Un prisonnier élu à la tête de la plus grande ville du Pakistan

La mégapole portuaire de Karachi au Pakistan a élu mercredi son maire, un homme politique inculpé pour sédition et terrorisme, et qui est actuellement en détention, au lendemain d'une mise en examen du chef de son parti pour trahison.
par
Laura
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Waseem Akhtar, ancien ministre et député membre du Muttahida Qaumi Movement (MQM), a très largement emporté les élections municipales avec 196 de 294 voix exprimées lors d'un scrutin au sein des autorités municipales. M. Akhtar a été arrêté en juillet et accusé d'avoir orchestré la répression meurtrière d'émeutes dans la ville en 2007, quand il était ministre de l'Intérieur de la province du Sindh. Il a ensuite également été mis en examen pour sédition et terrorisme.

Soutien de la communauté aisée

Le MQM domine la scène politique à Karachi, l'une des plus grandes villes au monde, depuis des années, notamment en raison du soutien dont il bénéficie au sein de la communauté plutôt aisée des Mohajirs, les musulmans ayant émigré d'Inde dans les années 40.

Le parti, qui avait désigné M. Akhtar comme son candidat à la mairie, contrôle le Conseil de la Communauté urbaine de Karachi, chargé d'élire l'un de ses membres comme maire. "J'ai passé le mois écoulé à me languir en prison, mais les gens ont voté pour moi", a déclaré M. Akhtar à la presse après avoir voté. Il a ensuite été escorté par la police jusqu'à son fourgon pénitentiaire. Il a indiqué qu'il allait se battre devant les tribunaux pour être libéré, mais que dans le cas contraire, il réglerait "les problèmes de la population depuis la prison".

Heurts à Karachi

M. Akhtar a été élu après deux jours de chaos politique à Karachi, lié à de tonitruantes déclarations du chef en exil de son parti, Altaf Hussain. Des militants du MQM se sont affrontés à la police et ont saccagé le siège d'une chaîne de télévision lundi, des heurts qui ont fait au moins un mort, dans la foulée d'un discours par téléphone dans lequel M. Hussain avait fustigé le manque de couverture des activités du parti par certains médias.

Des dirigeants du parti ont été arrêtés et M. Hussain, publiquement désavoué par son numéro 2, a été mis en examen pour trahison et incitation au terrorisme. Le MQM, dirigé depuis Londres par M. Hussain, est accusé de longue date d'avoir attisé les violences entre groupes ethniques à Karachi, et recouru à des extorsions de fonds et des meurtres pour asseoir son pouvoir. Selon des organisations des droits de l'Homme, les autorités ont tué des centaines de membres du parti dans une opération de "nettoyage" depuis 2013 à Karachi.