Colère à Bali contre des îles artificielles

par
Pierre
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Habillés en sarongs, portant des coiffes traditionnelles, des milliers d'Indonésiens manifestent bruyamment contre un méga-projet touristico-immobilier sur l'île paradisiaque de Bali. Ils dénoncent une menace pour l'environnement et la culture, non loin des plages de sable blanc prisées des touristes étrangers.

Ils se mobilisent quasiment toutes les semaines pour exiger l'abandon de ce projet consistant à assécher les eaux de la baie de Benoa. Objectif: aménager 12 îlets artificiels flanqués d'hôtels de luxe sur 700 hectares -soit la moitié de la surface de la baie- sur la commune de Sanur, à la pointe sud de l'île.

De tels travaux, avertissent les opposants, vont causer des dommages irrémédiables à l'environnement, détruire les moyens de subsistance de nombreux pêcheurs et désacraliser des sites hindous à Bali - unique territoire majoritairement hindou de l'Indonésie, le pays musulman le plus peuplé au monde. La baie de Benoa abrite des mangroves, des coraux, des estuaires, des villages ancestraux sacrés pour les Hindous et elle doit être protégée, insiste l'ONG Conservation International.

Ce projet est la dernière chose dont aurait besoin Bali, selon ses détracteurs: pour eux, l'île la plus touristique d'Indonésie (quatre millions de touristes étrangers en 2015) est déjà envahie de complexes hôteliers qui peinent à remplir leurs chambres malgré l'afflux de touristes venus du monde entier.

La baie de Benoa avait été déclarée réserve naturelle en 2011, mais la donne a changé sous la pression d'investisseurs qui ont commandité des études de faisabilité lestées de conclusions allant dans leur sens. Favorable au projet, le gouverneur de Bali, I Made Mangku, a donné son autorisation avant de se rétracter face à l'ampleur de la contestation, puis de redonner à nouveau son feu vert. Ces aménagements sont cependant loin de voir le jour. Le gouvernement du président Joko Widodo a annoncé en juillet qu'une évaluation des répercussions environnementales était encore nécessaire avant de faire quoi que ce soit, sans préciser combien de temps l'étude pourrait durer.

Ph. AFP / Sonny Tumbelaka