Yann Barthès a présenté son dernier Petit Journal hier soir

par
Laura
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Yann Barthès a présenté avec nostalgie jeudi soir sur Canal+ son dernier «Petit Journal» avec les adieux de nombreux politiques, dont François Hollande et de Nicolas Sarkozy, à l'émission impertinente créée en 2004.

Les meilleurs moments de l'émission

Poil-à-gratter des politiques dont il dévoilait impitoyablement les artifices de communication, révélateur de talents comiques comme le duo Catherine et Liliane, créateur de méthodes indiscrètes comme des perches tendues pour capter les apartés des meetings, le «Petit Journal» version Barthès aura marqué toute une génération de téléspectateurs, dont une partie ne s'informaient qu'à travers ses satires.

Les adieux des politiques

Devant un public de près de 200 fans, Yann Barthès a présenté un florilège des meilleurs moments de l'émission, faisant la part belle aux «habitués»: des politiques comme Nadine Morano ou Bernadette Chirac, mais aussi des célébrités, comme Catherine Deneuve (marraine de l'émission).

L'équipe a également titillé une dernière fois la classe politique, ce qui ne l'a pas empêché de recueillir les adieux de François Hollande: "si j'ai un conseil à vous donner, c'est de garder votre liberté, c'est le plus important". Ou ceux de Nicolas Sarkozy qui a comparé l'émission au footballeur Zlatan Ibrahimovic: "vous avez fait un super transfert pour passer d'une chaîne en crypté à une chaîne en clair" (TF1). "Je vous pardonne", leur a lancé Nicolas Dupont-Aignan. Visiblement ému, Yann Barthès a remercié le public et son équipe à la fin de l'émission, hors antenne.

Formule "rénovée" du Petit Journal

Canal+, contrôlé depuis l'été dernier par Vincent Bolloré, a assuré que l'émission, devenue la plus regardée de la chaîne, continuerait à la rentrée mais dans une formule «rénovée». Selon la presse, Cyrille Eldin, intervieweur provoc des politiques pour le «Petit Journal», en deviendra le présentateur.

Mais tout autant que la suppression des Guignols de la grille en clair, le départ de Yann Barthès, qui rejoint TF1, reflète la mutation de Canal+, où Vincent Bolloré veut privilégier le crypté, et ne croit ni à une vitrine en clair ni à l'«esprit Canal» des débuts.

D'une voix off à l'émission propre

L'émission a démarré le 30 août 2004 sous forme d'une courte chronique en voix off de Yann Barthès, longtemps chargé de la revue de presse, à la demande de Laurent Bon, alors producteur éditorial du «Grand Journal» présenté par Michel Denisot.

La mince silhouette du trentenaire n'apparaît à l'écran qu'à partir de 2007: Yann Barthès présente son «Petit Journal» en plateau, déjà en veste et cravate, toujours au sein du «Grand Journal» avec «Le Petit Journal Actu» et «Le Petit Journal People».

En 2011, «Le Petit Journal» devient une émission à part entière, produite par Bangumi, la société créée par Laurent Bon et Yann Barthès. En 2013-2014, il dépasse l'audience du «Grand Journal» et devient la vitrine en clair de la chaîne très relayée sur les réseaux sociaux.

Anti-Bolloré

Il se spécialise dans le décryptage des discours politiques dont il révèle les fameux éléments de langage. Son micro rouge devient la bête noire de certains militants, notamment ceux du FN, une de ses cibles favorites.

Depuis une quinzaine de jours, Yann Barthès avait démarré un compte à rebours et rediffusé les meilleurs moments de l'émission. Et depuis qu'il avait annoncé son départ en mai, faute d'obtenir des assurances de Vincent Bolloré sur l'avenir du «Petit journal», il glissait des piques à l'encontre du nouveau patron de Canal+.

Dans un sketch, Catherine et Liliane avaient aussi plaisanté sur le climat de peur dans le groupe après l'éviction par Vincent Bolloré d'une vingtaine de dirigeants.

40 personnes dans l'équipe

Le mélange des genres du Petit Journal a souvent été critiqué, par des politiques, - à l'instar de Jean-Luc Mélenchon en 2012 qui avait dénoncé «l'info spectacle» ou d'Alain Juppé, énervé par des remarques sur sa chemise neuve, dont on voyait encore l'étiquette. Parmi les journalistes également, certains avaient pointé un risque de confusion.

Une équipe de 40 personnes travaillait sur «Le Petit Journal» dont 5 reporters. Mais son audience de 1,8 million de téléspectateurs par jour en 2013-2014, puis 1,6 million en 2014-2015, a chuté autour de 1,2-1,3 million cette année.

Quelques grands moments

Le "Petit Journal" a marqué les écrans par des séquences à l'humour décapant, des commentaires pince sans-rire ou des reportages très originaux.

En 2008, alors qu'il il couvre la campagne américaine et l'élection d'Obama, le PJ fait la Une des JT américains avec la banderole +Cassoulet+ sur Times Square.

2012 : il reçoit les principaux candidats à l'élection présidentielle : François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen, François Bayrou. Seul Jean-Luc Mélenchon refuse.

2013 : Martin Weill arrive comme reporter pour couvrir l'actualité internationale. Il ira en Irak, Syrie, Ukraine, Afghanistan, Egypte, fera la route des migrants, interpellera Donald Trump.

2013 : Il démonte une opération de communication de Marine Le Pen lors d'une rencontre avec des citoyens dont les questions sont en fait prévalidées par le FN.

2013 : Un de ses spectateurs, filmé dans le public lors d'une interview, profite des caméras pour faire à treize reprises le geste controversé de la "quenelle", un soutien à Dieudonné. Yann Barthès présente des excuses le lendemain et le Petit Journal en profite pour dénoncer et décrypter ce geste.

2015 : Il dénonce avec ironie les "no go zones" que la chaîne américaine Fox News avait décrites à Paris, une campagne de décryptage qui lui vaudra la Une du New York Times.

2015 : Yann Barthès raconte que son équipe a été tabassée par des militants FN sur la place de l'Opéra. Pour dénoncer cette violence, il arrive maquillé comme s'il avait été lui-même battu.

2015: Jean-Jacques Goldman donne sa seule interview depuis 10 ans à Eric et Quentin.

15 juin 2015 : Le "Petit Journal" accompagne François Hollande en Algérie et se moque de l'état de santé d'Abdelaziz Bouteflika, révélant les montages de la chaîne officielle et un président algérien très affaibli. Le reportage fait un tabac sur les réseaux sociaux en Algérie. Les journalistes du "Petit Journal" se verront refuser un visa pour suivre un déplacement de Manuel Valls dans ce pays en avril 2016.

2015 : Après les attentats du 13 novembre, le témoignage du petit Brandon place de la République émeut le monde entier. Autre document choc, la négociation de la vente d'une vidéo de l'attentat de la pizzeria Casa Nostra.

24 novembre 2015 : Manuel Valls lui accorde une interview de 50 minutes sur les attentats, la jeunesse, l'islam.