Le «Spider man» de Gaza veut entrer dans le Guinness Book

par
Gaetan
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C'est un poids plume capable de tordre ses 29 kilos et son 1,37 mètre dans tous les sens. À 12 ans, Mohammed al-Cheikh, petit Palestinien de Gaza, rêve de faire entrer ses prouesses de contorsionniste dans le livre des records.

La souplesse de Mohammed al-Cheikh et l'agilité avec laquelle il se réceptionne comme une araignée dans un grand rire après une série de sauts périlleux lui ont valu un surnom qui le remplit de fierté: Spider-Man. Mohammed a déjà connu la gloire en participant fin 2014 au show télévisé «Arab's Got Talent» au Liban, où il a récolté les votes de 14 millions de téléspectateurs. Gaza sortait alors d'une nouvelle guerre qui avait interrompu ses entraînements.

Quatre figures inédites

Aujourd'hui, il espère faire inscrire quatre de ses figures dans le Livre Guinness des records. Quatre figures que personne n'a encore réalisées, assure son entraîneur Mohammed Loubbad, 26 ans, qui a envoyé les vidéos au Guinness qui a accepté sa candidature.

Dans l'exercice qui lui vaudra peut-être d'entrer au Guinness, Mohammed a au départ le torse plaqué contre le sol, les bras allongés le long du buste; ses deux jambes sont ramenées au-dessus de sa tête, les deux pieds posés à plat devant son nez, au prix d'une cambrure du dos et du bassin évoquant le scorpion et totalement contre nature. Puis il fait pivoter son bassin pour dessiner de la pointe des pieds un cercle imaginaire autour de son corps et de ses bras restés plaqués au sol. En une minute, il effectue ainsi 33 rotations, selon la vidéo soumise au Guinness. Le record actuel est de 29.

L'école avant tout

Pour Mohammed, ce qui serait encore mieux qu'un record, ce serait de «porter haut les couleurs de la Palestine» en dehors de Gaza et de sortir de la petite enclave où près de deux millions de Palestiniens sont soumis aux blocus israélien et égyptien.

Son entraîneur a tenté de faire vivre les talents ignorés de Gaza en ouvrant un centre dédié aux sports insolites et au parkour, un sport très en vogue à Gaza qui consiste à se déplacer en milieu urbain par des sauts et des acrobaties autour d'obstacles divers. Mais au bout d'un an il a baissé le rideau faute de financement, abandonnant à leur sort la centaine de jeunes, garçons et filles, qui pratiquaient leur art dans son centre.

«En laissant Mohammed à Gaza, on enterre son don unique au monde», déplore M. Loubbad. Après la finale d'«Arab's Got Talent», Mohammed s'est vu offrir un contrat d'exclusivité pour une formation à l'étranger, prise en charge pendant dix ans. Mais sa famille a refusé: Mohammed était trop jeune pour aller vivre à l'étranger loin des siens. Aujourd'hui encore, même s'il épate ses camarades de classe, sa mère, 48 ans, met un point d'honneur à ce que le sport n'entame pas les résultats scolaires du benjamin de ses huit enfants. Alors, pour s'évader, Mohammed accomplit ses figures sur le dos d'un chameau ou d'un cheval lancé au galop, devant un public de badauds ébaubis sur la plage de Gaza. Là, dit-il, il se sent «libre». «Je suis dans les airs et il n'y a ni barrage ni frontière ni blocus».