Puggy sort un album plein de "Colours"

par
Pierre
Temps de lecture 4 min.

Ziggy, Matthew et Romain repartent sur les routes avec un quatrième album plein de « Colours » différentes. Groupe pop par excellence, bête de scène, Puggy a néanmoins voulu changer de méthode de travail. L'idée n'est plus de faire propre mais de sortir de ses habitudes tout en gardant ce goût de la mélodie.

La première que l'on s'est vus, vous étiez inconnus, la seconde des quasi stars. Aujourd'hui, c'est une catégorie encore supérieure ?

Matthew : « C'est toujours un peu compliqué de parler de ça, parce qu'on reste les trois mêmes mecs qui font de la musique ensemble et qui vivent à Bruxelles. Et on vit aussi dans un pays où le ‘star system' n'est pas le même qu'ailleurs. En général, quand les gens nous abordent, c'est pour nous dire qu'ils aiment ce qu'on fait. On a énormément de chance en Belgique de ne pas avoir cette culture de la star. Mais tout est relatif. On vend des disques, on remplit des salles, mais on est loin d'être des stars interplanétaires. On a une belle carrière, on a le privilège de vivre de ce qu'on fait, ce qui n'est pas très courant finalement. »

Avec un titre d'album tel que « Colours », vous annoncez directement vos envies.

Romain : « Avant tout, on voulait un truc frais. On voulait se renouveler parce que c'est notre quatrième album. On voulait de l'épuré et de l'aérien. C'est pour cela qu'on a choisi David Kosten comme producteur. Il a vraiment mis la voix en valeur. On voulait aussi que chaque morceau ait sa propre vie, qu'ils ne se ressemblent pas les uns les autres. On n'a pas fait de concession quand on a tout mis en boîte. »

Vous aviez déjà une idée précise de l'album que vous vouliez avant de le commencer ?

Romain : « Pas vraiment. Quand on écrit, on ne se pose pas la question. »

Ziggy : « Il y a toujours une volonté des faire des choses que l'on n'a pas encore faites. L'idée n'est pas de refaire les mêmes albums. Il faut trouver quelque chose qui se démarque. La façon dont on a créé celui-ci est déjà fort différente des précédents. Avant, on venait avec des chansons pratiquement finies en studio, et l'enregistrement se faisait en 2-3 semaines. Cette fois-ci, la production s'est vraiment intégrée aux chansons. On a continué à travailler la base de nos morceaux avec le producteur. Les titres ont donc bien évolué jusqu'à la version finale. On a eu le luxe de tout essayer. »

On sent bien que c'est du Puggy mais avec une légère différence.

Matthew : « Disons qu'avant, Puggy était vraiment un groupe de scène, la musique était très liée au live. Avec ‘To Win the World‘, on est arrivé à la fin d'un cycle et d'une manière d'enregistrer. A la base, il y avait la notion de renouveau, et surtout changer de méthodologie. On ne s'est jamais cantonné à une seule façon de travailler. On avait envie de faire ce qui se fait beaucoup en électro ou en hip hop : donner à la production une vraie place dans la composition même. Ce n'est pas une question de trouver de chouettes accords avec un habillage autour, mais il fallait que le son inspire aussi la composition. C'est une espèce d'album très composite. Le but était de pousser le vice jusqu'à ce que le morceau soit fini. Mais chacun de façon individuelle. Aller au bout de l'idée quitte à prendre un an. Ce qui est ironique, c'est qu'avant, on avait tendance à chercher l'excellence de l'instrument dans la performance, tandis qu'aujourd'hui on a beaucoup travaillé avec David sur l'ambiance. On a commencé à comprendre ce travail du ‘soundscape'. Autant c'est le disque le plus produit qu'on ait fait, autant c'est celui qui sonne le moins ‘parfait' d'un point de vue académique. »

Ce qui a permis d'expérimenter, je suppose. J'ai entendu parler de rythmes électroniques, des guitares malgaches, etc.

Matthew : « On s'est lâché de tout complexe possible et imaginable dans un groupe de pop-rock. On a laissé libre court à l'imagination, sans limite. Et notre maison de disques nous a complètement suivis dans le trip. Mais bon, si l'on reconnaît Puggy, c'est parce qu'on vient de la mélodie qui reste essentielle. »

Pourquoi choisir « Lonely Town » comme premier single, le morceau peut-être le plus sombre de l'album ?

Romain : « Peut-être pour renouveler peut-être l'image et la perception que les gens ont de nous. Mais je t'avoue que ce n'est pas nous qui avons choisi le single, c'est le label. Peut-être que repartir sur une ambiance un peu nostalgique et mélancolique faisait du bien à tout le monde. C'était une ‘vibe' générale. »

Dans votre agenda, on lit Werchter, Cirque royal, Ancienne Belgique, Forest… Du lourd, quoi !

Romain : « Oui, on est toujours un peu comme des gamins devant chaque date. On est toujours épaté de voir la vitesse à laquelle ces salles sont remplies. C'est assez magique. On a une ‘fan base' en Belgique qui est vraiment super. »

Pierre Jacobs

Puggy « Colours » (Universal)

Ph. Boldatwork