Panama Papers : le point sur le scandale

Des révélations en cascade
par
Camille
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Les rédactions d'une centaine de médias à travers le monde ont eu accès à des documents confidentiels du cabinet panaméen Mossack Fonseca. Ces données dévoilent les mécanismes utilisés par de nombreux hommes d'Etats, sportifs, hommes d'affaires, pour échapper à l'impôt.

En Belgique, de grands noms du monde économique apparaissent dans les listings de Mossack Fonseca. Les familles, de Cloedt (DEME), Kandiyoti (Chemitex) ou encore Vandermortele figurent parmi les quelque 700 Belges cités. On y trouve également Franco Dragone.

Côté politique, le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson est pointé du doigt, accusé d'avoir caché des millions de dollars. Les appels à sa démission se font de plus en plus pressants, et il vient d'écourter un voyage aux Etats-Unis pour rentrer s'expliquer. D'autres chefs d'Etats sont visés : le Russe Vladimir Poutine, la roi Salmane d'Arabie saoudite… Le premier ministre David Cameron est également cité, via son père. En France, des proches de la cheffe du Front national, Marine Le Pen, sont concernés.

Chez les sportifs, on remarque la présence de Lionel Messi. Le joueur du FC Barcelone aurait ouvert une société offshore en 2013, après avoir été inquiété pour fraude fiscale par les autorités espagnoles. On trouve également le nom de Michel Platini. Ce dernier se défend de toute activité illégale, et assure que les autorités suisses, où il réside, étaient au courant.

De grandes banques mises en cause

HSBC (Grande-Bretagne), UBS et Credit Suisse (Suisse) sont les banques qui ont créé le plus grand nombre de sociétés offshore par l'intermédiaire du cabinet panaméen Mossack Fonseca, selon Le Monde. La banque française Société générale a également eu largement recours aux services contestés du cabinet d'avocats. Les Panama Papers indiquent qu'au total 365 banques dans le monde ont fait appel à ses services. Elles ont immatriculées 15.579 des 214.488 sociétés offshores créées par Mossack Fonseca. Les banques citées par Le Monde se défendent toutes d'avoir voulu faciliter l'évasion fiscale ou d'autres activités illégales.

Les justices de plusieurs pays au travail

A Paris, la justice française a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête pour blanchiment de fraudes fiscales aggravées. Les pratiques dévoilées sont «susceptibles de concerner des résidents fiscaux français», explique le parquet financier français.

A Madrid, le parquet de l'Audience nationale, juridiction spécialisée notamment dans la grande délinquance économique et financière, a également ouvert une enquête pour blanchiment, qui vise spécifiquement le cabinet d'avocats panaméen.

La Suède a pour sa part demandé au Luxembourg des précisions sur une filiale de la première banque scandinave, Nordea, qui aurait facilité l'évasion fiscale de ses clients.

Nouveaux appels à luter contre les pratiques de dissimulation d'actifs

Ces révélations sur l'utilisation des paradis fiscaux par de nombreuses personnalités à des fins d'évasion fiscale et de blanchiment montrent la nécessité d'interdire le recours aux sociétés écrans anonymes, estiment les ONG anti-corruption. La communauté internationale doit "agir immédiatement pour adopter des règles de transparence qui interdisent les sociétés anonymes", exhorte Transparency International.

"Lorsque l'on voit que le système a été mis en place pour des clients de plus de 200 pays différents, le constat est clair: l'évasion fiscale est aujourd'hui un problème mondial, qui impacte tous les pays et qui nécessite une réponse internationale", observe de son côté Manon Aubry, une des responsables d'Oxfam France. En Belgique, le député Ecolo Georges Gilkinet plaide en faveur de sanctions dissuasives contre les "complices" de ces pratiques (cabinets spécialisés, avocats...). L'UE décompte toujours une trentaine de paradis fiscaux à travers le monde.