L'Australie veut rester le paradis du "vacances travail"

par
Camille
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Chaque année, près de 150.000 jeunes, de 18 à 30 ans, séjournent en Australie dans le cadre d'un visa vacances travail. On les appelle backpackers ou PVTistes (Programme vacances travail). Certains viennent le temps d'une année sabbatique, parfois après leurs études, d'autres pour perfectionner leur anglais ou encore pour fuir la crise économique dans leur pays. Le pays veut rester une destination de prédilection pour les jeunes étrangers. Cette main-d'œuvre est vitale pour son secteur agricole. À tel point que le gouvernement a dû revenir sur une nouvelle taxe prévue pour ces travailleurs.

L'agriculture menacée

Le visa vacances travail permet de rester un an sur l'île continent, en alternant vacances et travail. Il peut être reconduit une fois sous certaines conditions, comme celle d'aller travailler dans les fermes. Environ 40.000 PVTistes sont employés dans le secteur agricole chaque année. Beaucoup font le tour de l'Australie, au gré des récoltes. Les agriculteurs comptent sur cette main-d'œuvre flexible et peu chère devenue «indispensable», selon la fédération australienne des agriculteurs (National Farmers' Federation, NFF). Ces travailleurs permettent de combler de «graves manques de main-d'œuvre», notamment au moment des récoltes. Quand le gouvernement a annoncé qu'une nouvelle taxe serait imposée aux PVTistes, les agriculteurs sont montés au créneau. Une pétition de la NFF lancée début février a recueilli près de 30.000 signatures. La mobilisation a été couronnée de succès puisque le gouvernement a annoncé une «révision» de cette taxe.

Les backpackers gagnent en moyenne 15.000 $ (9.725€) pendant leur séjour, selon la NFF. Leurs revenus sont actuellement taxés à partir de 18.200 $ (12.250€), à 19%. Mais à partir du 1er juillet, leurs revenus devaient être imposés à 32,5% dès le premier dollar. Les agriculteurs craignaient que cette taxe fasse fuir les PVTistes vers d'autres destinations, comme le Canada ou la Nouvelle-Zélande. Une nouvelle taxe devra être définie. Le président de la NFF, Brent Finlay, reste vigilant, mais a salué l'annonce du gouvernement. La taxe aurait «entravé la productivité agricole, à un moment où nous devrions nous développer pour répondre à la croissance importante de nos marchés internationaux».

Le tourisme sous pression

Après avoir pleinement profité du boom minier, l'Australie est confrontée à la chute des prix des matières premières, dont le fer et le charbon, et cherche à développer des relais de croissance. L'agriculture en fait partie. Les produits australiens, aussi bien les fruits que le lait ou la viande, connaissent un succès grandissant en Asie.

Le tourisme est un autre secteur appelé à se développer. Or les PVTistes dépensent en Australie une bonne partie de ce qu'ils gagnent, en particulier pour visiter le pays. Des opposants à la taxe s'étaient également inquiétés pour l'activité économique dans les zones reculées du pays, où ces jeunes travailleurs vivent le temps de leur emploi saisonnier. Une baisse du nombre de backpackers serait autant d'argent en moins pour les hôtels de cette Australie rurale.