Les « slashies » : les sauveurs de l'économie

par
joris
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Plus de 185.000 Belges exercent plus d'un emploi. On les appelle les slashies parce qu'ils doivent ajouter une barre oblique (slash en anglais, NDT) après leur emploi. Ils sont employé slash serveur ou enseignant slash vendeur. Les slashies sont de plus en plus nombreux, une bonne chose selon les spécialistes du travail.

4,1 pour cent des travailleurs belges occupent un deuxième emploi. C'est ce que révèlent les chiffres émanant de la Direction générale Statistique et Information économique. Cela concerne plus d'hommes que de femmes, plus de célibataires que de gens mariés mais surtout des personnes possédant un niveau d'instruction élevé. Une chose qui n'a rien d'anormal selon le sociologue du travail, Jan Denys  de Randstad : « Penser que ce sont les personnes peu qualifiées qui doivent combiner deux emplois pour joindre les deux bouts est une image déformée de la réalité. C'est peut-être le cas aux États-Unis mais certainement pas en Belgique. Ici, la motivation consiste plutôt à arrondir ses fins de mois. »

Un petit extra

« C'est comparable aux jobs d'étudiants. Ces derniers ne travaillent généralement pas pour payer leurs études mais pour se faire de l'argent de poche afin de pratiquer des activités agréables, de sortir ou de voyager. Les motivations sont vastes. Les gens optent pour un deuxième emploi parce que leur job actuel ne les satisfait pas totalement. Parce qu'ils ne peuvent pas pleinement faire usage de leurs connaissances et expertise. Ou parce qu'ils souhaitent utiliser ce second job comme tremplin vers un travail indépendant qu'ils préfèrent d'abord exercer à titre complémentaire. »

Augmentation

Parmi toutes les personnes qui exercent un deuxième emploi, une sur cinq (19,0 %) a un emploi de base dans le secteur des soins de santé ou des services sociaux. L'enseignement arrive en deuxième position.

« La combinaison de plusieurs emplois a toujours existé. Quand j'étais à l'école primaire, je savais que plusieurs enseignants vendaient des polices d'assurance après leurs heures de travail », déclare Denys. «  Le phénomène du deuxième emploi est certes en hausse mais ce n'est pas une mauvaise chose. Jusqu'il y a peu, nombreux étaient ceux qui exerçaient un deuxième emploi au noir. Le système des flexi-jobs contribue à officialiser ce travail supplémentaire. Un peu plus de 4 % des gens exercent actuellement un deuxième emploi. Si l'on ajoute à cela le travail au noir, on avoisine les 10 %. Ce pourcentage est d'ailleurs déjà atteint aux Pays-Bas où 10 % de la population active a un deuxième emploi. »

Stimulation de l'économie

« Ce ne serait pas une bonne chose si, en raison de ce phénomène, des emplois à plein temps venaient à disparaître et des gens étaient forcés au chômage. Mais une telle tendance ne semble pas se dessiner. Il s'agit en effet de petits jobs qui ne remplacent pas d'autres emplois. Globalement, le phénomène se révèle donc positif : d'une part, les gens gagnent plus et dépensent ces revenus, permettant ainsi de stimuler l'économie d'un point de vue de la consommation, et d'autre part, sont créés des emplois qui n'auraient autrement pas vu le jour. »