« L'échec n'est pas une expérience agréable »

par
joris
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La création d'une entreprise est un rêve pour bon nombre de personnes mais peut également se révéler être un véritable cauchemar si les choses tournent mal. L'entrepreneur en technologies Filip Maertens le sait mieux que quiconque : « L'échec n'est pas agréable mais est aussi une expérience très instructive. »

L'histoire a commencé il y a dix ans chez Attractel, alors actif dans la technologie VoIP, la téléphonie sur Internet. Il s'agissait à l'époque d'une technologie pionnière dotée d'un très grand potentiel qu'Attractel entendait mettre à la disposition des consommateurs eux-mêmes. L'entreprise a connu une croissance très rapide et son personnel est passé de 10 à 70 personnes en moins d'un an. « Le fondateur était un de mes amis et m'a demandé mon aide. »

FOCUS

« Au début, l'entreprise gérait une dizaine d'activités. C'était de la pure folie. Nous avons réduit ces activités à trois mais cela a été une première grande erreur. Nous aurions dû nous en tenir à une seule activité. On ne peut exceller que dans un seul domaine. Nous avons néanmoins été séduits par le fait que deux des trois activités étaient rentables, alors que la troisième ne l'était pas encore mais avait beaucoup de potentiel. Cela restait de la folie : comme nous faisions tourner trois start-ups dans une entreprise, l'échec était inévitable ! »

IT'S ALL ABOUT PEOPLE

Les problèmes ont commencé après que nous ayons reçu une offre d'une entreprise de télécommunication pour un rachat. Il s'agissait d'une belle somme mais l'investisseur en jeu en voulait davantage, tandis que nous souhaitions accepter l'accord. Cela a suscité beaucoup de ressentiment. Nos points de vue étaient diamétralement opposés. Nous ne pouvions donc pas continuer à travailler ainsi car les réunions devenaient vraiment hostiles. Nous avons donc décidé de déposer le bilan. Cela a été un moment très difficile car nos activités fonctionnaient bien. Cela m'a tracassé pendant un bon bout de temps : « Comment peut-on mettre fin à une société, alors qu'elle tourne encore bien. » Cela a été ma plus grande leçon : il ne s'agit en réalité pas d'argent, pas même du produit dans l'entreprise, mais il s'agit avant tout des personnes assises autour de la table. Mon erreur personnelle est de ne pas avoir compris cela et d'avoir accordé davantage d'attention à mon produit qu'à mon personnel. Le rôle d'un CEO est de veiller à ce que tout le monde regarde dans la même direction.

HIRE FAST, FIRE FAST

Quand la croissance est rapide, beaucoup de personnel est nécessaire, mais on peut alors être tenté d'engager des personnes moins qualifiées. En principe, on devrait pouvoir les licencier aussi vite qu'on les a engagées. Mais à cet égard, nous avons également commis une erreur : nous avons continué à travailler trop longtemps avec des collaborateurs qui n'étaient clairement pas à leur place. On ne licencie certes pas de gaieté de cœur. Tout le monde contribue au projet de l'entreprise selon ses propres moyens mais si ce n'est pas suffisant mieux vaut mettre fin à une collaboration. Mais comme la démarche n'est pas aisée, on la reporte à plus tard et on essaie de trouver des moyens de fonctionner malgré tout. »

LA CONNAISSANCE DE SOI

« Il faut parfois un certain temps pour savoir dans quel domaine on est bon. La recherche d'une solution sur le marché pour laquelle les gens sont prêts à payer s'est révélée fructueuse, c'est un domaine dans lequel j'excelle et veux continuer à évoluer. Créer une entreprise en partant de rien et obtenir ses premières ventes, passer de zéro à vingt membres du personnel sont des choses que je gère très bien, mais la phase suivante consistant à passer à cent membres du personnel et de cinq millions de chiffre d'affaires à cinq cent millions relève d'un autre profil, qui n'est pas le mien. Maintenant, j'en suis conscient. »

  • Nom : Filip Maertens
  • Âge : 37 ans
  • Études : Abandon des études universitaires
  • Actuellement : Co-fondateur d'une entreprise fournisseur de cloud (encore en mode furtif). Rentable et en croissance, sans capital externe, avec déjà plus qu'un millier de clients.