Afrique du Sud : Des bouses de vache utilisées pour produire de l'électricité

par
ThomasW
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A l'est de la capitale sud-africaine, de gigantesques enclos bordent l'unique piste de terre ocre menant à l'usine Bio2Watt, une petite structure perdue dans la campagne qui s'est lancée le défi de transformer la bouse de milliers de vaches en énergie. Chaque jour 120 tonnes de lisier et 66 tonnes de papier à recycler sont mixés dans une de ces cuves, explique Steven Roux, chef de projet pour Bio2Watt devant un des grands réservoirs de 9.000 m3 où sont traités les déchets.

7 euros la tonne de bouse de vache

Depuis mi-octobre le site produit 4,4 MW d'électricité grâce à la bouse des 40.000 vaches qui composent l'immense ferme entourant l'usine mais aussi grâce à des déchets organiques liquides comme de la glace, des yaourts ou des résidus de jus de fruits. Sur place, la forte odeur de lisier rappelle aux visiteurs la matière première utilisée pour créer de l'énergie. Si la bouse de vache représente seulement un quart de l'énergie totale produite, elle constitue 60% du volume des déchets. Mais elle contient des bactéries qui aident à la digestion des déchets et à leur transformation en méthane, explique Sean Thomas, un Britannique installé en Afrique du Sud qui a créé le projet. L'usine a permis de créer entre 30 et 40 emplois indirects et surtout de faire vivre la coopérative de fermiers des alentours qui vendent la bouse de leurs vaches 7 euros la tonne à Bio2Watt.

Mélangée à des déchets organiques tant liquides que solides, issus des particuliers, des marchés ou des abattoirs, ce compost un peu particulier est chauffé à 52 degrés pendant 22 jours dans des cuves pour en extraire un gaz. Le gaz est ensuite employé pour faire tourner des moteurs eux-même reliés à une petite centrale électrique. Cette énergie qui pourrait alimenter un village de 1.500 personnes environ, selon Sean Thomas, est pour le moment vendue principalement à l'usine du constructeur allemand BMW à Pretoria. L'électricité est vendue à un tarif supérieur à celui appliqué par le fournisseur national Eskom. Et si Sean Thomas refuse de révéler le prix exact, il assure qu'il sera compétitif avec celui d'Eskom d'ici trois ans.

De l'électricité et de l'engrais

L'usine a reçu ses premiers mégawatts d'énergie le 10 octobre. Aujourd'hui nous avons besoin de 12 MW pour la faire fonctionner et 30% de cette énergie nous est fournie par Bio2Watt, explique Edward Makwana, directeur de la communication de BMW en Afrique du Sud. Une fois le processus terminé, les déchets liquides sont utilisés pour irriguer les fermes alentours et les déchets solides sont revendus aux fermiers comme un engrais de haute qualité, explique Sean Thomas. C'est une situation gagnant-gagnant, les fermiers qui n'avaient pas assez d'électricité pour agrandir leur production peuvent désormais utiliser l'énergie générée par notre usine, ajoute t-il.

Il a fallu plus de 7 ans à Sean Thomas, un britannique pour mettre sur pieds le projet, le premier de ce genre en Afrique du Sud. D'autres projets sont en train de voir le jour, mais nous avons créé un précédent, je pense. Nous ne générons que 4,4 MW, bien loin des 40.000 MW du fournisseur national Eskom, mais nous offrons des solutions décentralisées, explique le fondateur de Bio2Watt, tout en supervisant l'acheminement de la bouse de vache. L'an dernier, le gouvernement sud-africain a mis en place une nouvelle loi interdisant la présence de déchets organiques dans les décharges. Une mesure qui devrait donner un coup de pouce aux projets comme celui de Sean Thomas. L'Agence Française de Développement (AFD) est le principal partenaire du projet qu'elle a financé à hauteur de 97 millions de rands (6,32 millions d'euros) soit 70% de l'investissement.