Lire et écrire, des droits fondamentaux

par
Laura
Temps de lecture 3 min.

Lire et écrire, des compétences évidentes pour beaucoup d'entre nous. Mais pour les personnes qui ne disposent pas de ces savoirs de base, notamment dans leur recherche d'emploi.

Récemment licenciée, Rosa, 31 ans et mère d'un enfant, cherche un travail. Mais à chaque étape, que ce soit dans ses démarches pour répondre aux offres d'embauche ou pour décrocher une formation, la jeune femme est confrontée à ses carences en lecture et en écriture. Difficile pour elle d'avancer dans la vie. Rosa n'existe pas, ou plutôt, si, elle existe, mais ne porte pas forcément ce prénom.

Le personnage de «Plongée en Absurdie», la vidéo de sensibilisation du mouvement Lire et Écrire, concentre différents profils de personnes qui par centaines font appel tous les ans aux services de l'asbl chargée d'accompagner en Belgique francophone les personnes en manque d'acquis de base. "On constate sur le terrain que la situation des apprenants est de plus en plus difficile", nous confie Sylvie Pinchart, directrice de l'association d'alphabétisation. "Par cette vidéo, nous souhaitons sensibiliser les pouvoirs publics et les acteurs locaux afin qu'ils apportent naturellement un appui aux personnes en tenant compte de leurs spécificités."

Une discrimination

La lecture des petites annonces, le suivi d'une formation et le passage des multiples étapes d'une procédure de sélection -souvent disproportionnée au regard du poste à pourvoir en raison d'un marché de l'emploi saturé-, autant d'obstacles à franchir pour ces personne souvent précarisées.

Les «apprenants» de Lire et Écrire peuvent être divisés en deux catégories: "Soit ce sont des personnes scolarisées en Belgique mais dont les compétences de base n'ont pas été suffisamment acquises. Soit il s'agit de personnes d'origine étrangère scolarisées ou non et qui doivent apprendre le français", détaille Sylvie Pinchart.

Mais la directrice ne fait pas de différence entre les deux groupes quant à l'objectif de son mouvement. "Maîtriser les compétences de base est un droit humain", insiste-t-elle. "Si on ne prend pas en compte les difficultés de ces personnes dans leurs démarches, leur accès aux droits (d'avoir un travail, de suivre une formation,...) est remis en question. Il y a donc, là, discrimination. Il s'agit bien d'un problème de justice sociale."

En cette journée internationale de l'alphabétisation, Lire et Écrire souhaite rappeler l'importance de son travail et interpeller le monde politique. "Nous souhaiterions notamment que les chiffres d'exclusion du chômage soient ventilés selon le niveau d'étude pour cibler les personnes particulièrement touchées."

En savoir plus

Chiffre du jour : 5.000

En 2014, quelque 5.000 personnes ont suivi les formations organisées dans les neuf régionales de Lire et Écrire. Le mouvement estime qu'un adulte sur dix en Belgique francophone ne maîtrise pas les compétences de base. Soutenu par différents pouvoirs publics (communauté, régions, provinces, communes,...), l'ensemble du secteur ne peut répondre à la demande en alphabétisation.

Toute une journée pour sensibiliser

Les neuf régionales de Lire et Écrire sont mobilisées aujourd'hui, Journée internationale de l'alphabétisation. Le film « Journée en Absurdie » sera diffusé lors de diverses rencontres et débats organisés dans toute la Fédération Wallonie-Bruxelles. Surveillez le dessous de votre assiette, car un set de table relaiera la campagne. À La Louvière, le théâtre du Copion proposera son spectacle de théâtre-action "Sous les chômières" qui s'intéresse à la main-d'œuvre peu qualifiée dans le commerce. Des conférences expliqueront le concept de "l'État-social actif" qui traduit une certaine proactivité des pouvoirs publics dans leur combat contre l'illettrisme et et l'analphabétisme.