De Turquie aux Etats-Unis, des femmes affichent leur maltraitance sur internet pour faire réagir

par
Laura
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Une jeune femme turque a poussé les gendarmes jusque-là réticents à arrêter mercredi son ancien petit ami en publiant sur son blog des photos de son visage tuméfié par les coups qu'il lui portaient, a rapporté le quotidien Hürriyet.

Un appel à l'aide

Dans une note postée mardi sur son site (www.kubray.com), Kübra Yilmaz, âgée de 22 ans, s'est décidée à décrire en détail les coups et le harcèlement de son ex-compagnon, expliquant que sa plainte était jusque-là restée sans suite. "Si je suis tuée ou attaquée quand je quitte ma maison pour aller au supermarché ou si je finis à la morgue avant de pouvoir rentrer, il faut que vous sachiez qui m'a tuée", y a-t-elle expliqué en donnant le nom de son agresseur. Pour accréditer son récit, la jeune femme, qui vit dans la station balnéaire d'Alanya (sud), a publié une série de clichés de son visage et de son corps recouverts de bleus et des traces de coups attribués à son ex-petit ami.

Son appel a été largement relayé sur les réseaux sociaux et a suscité mercredi l'intervention d'avocats, d'agents des services sociaux et de gendarmes qui l'ont escortée jusqu'à la gendarmerie locale pour enregistrer sa plainte. Repéré à proximité de son domicile, l'auteur présumé des coups a été rapidement interpellé mercredi, selon Hürriyet.

Pes préjugés religieux au service des violences

Les violences conjugales sont récurrentes en Turquie où, selon l'Association turque des droits de l'Homme (IHD), les meurtres de femmes ont nettement augmenté ces dix dernières années pour atteindre 294 cas en 2014. L'opposition et les mouvements féministes turcs reprochent au régime du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, d'entretenir les violences contre les femmes par leurs préjugés religieux.

M. Erdogan s'est régulièrement illustré par ses sorties polémiques sur les femmes. Il avait notamment assuré que les féministes n'avaient "rien à faire avec notre religion et notre civilisation" et que l'égalité homme-femme était "contre nature".

Un cas loin d'être unique

L'histoire de Kübra Yilmaz n'est pas sans rappeler celle de Brooke Beaton. Cette jeune Américaine le visage des victimes de violence domestique outre-Manche. A 27 ans, elle a accepté de se faire prendre en photo par une amie Tiffany Thoelke après que celle-ci venait d'être battue par son petit ami. Pour sensibiliser au problème qui touche de nombreuses femme, les photos ont été publiées sur la page Facebook de la photographe avant de faire le tour de la toile. "Ceci n'est pas du maquillage, il s'agit de Brooke, ma belle amie, une mère, une mannequin, une femme géniale à tous les points de vue", peut-on lire dans le texte accompagnant les images partagées des milliers de fois.

'80% des femmes victimes de violence ne parlent pas... et ne partent pas. Brooke, ces derniers jours, a décidé qu'elle allait parler et rester debout, avec courage et confiance. Elle va être la voix pour les inombrables autres femmes qui n'en avait et n'en ont pas", rajoute-t-elle. Violentée, frappée et étranglée par son partenaire alors qu'elle était au volant de sa voiture, Brooke Beaton a alerté les autorités de son agression qui ont alors arrêté son petit ami pour violences aggravées.