Des personnes démunies vivent à côté des morts dans un quartier de Lima

par
Laura
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On connaissait l'insalubrité dans laquelle vivent les résidents des bidonvilles. Dans la périphérie de Lima, capitale du Pérou, certaines personnes démunies résident à côté d'un cimetière datant de 1912. C'est à Callao, sur un terrain de 27 000 mètres carrés que celui-ci se dresse entre les deux bidonvilles, où sont également construit une école et un parc, qu'habitent 2000 familles.

A proximité de la mort

Sur le cimetière de Santa Rosa, les habitations modestes des habitants se mélangent au paysage macabre des tombes et cryptes comme le rapporte ABC. Plus grand que quatre terrains de football, l'endroit est en réalité un cimetière illégal. "Il y a des trafics avec les morts, ils les vendent à des universités", confie une vendeuse de sucreries des environs. "Ne me demandez pas mon nom, ici personne ne peut parler, tout le monde a peur des maçons (qui bâtissent les tombes, ndlr) et des fossoyeurs", ajoute-t-elle en jetant des regards inquiets autour d'elle.

"Nous n'avons pas peur, mais nous ne sommes pas encore habitués à l'odeur nauséabonde ni aux mouches qui rentrent jusque dans la cuisine", témoigne Manuel Garcia qui réside dans l'un de ces quartiers  à cinq mètres seulement de deux tombes. Ici les cercueils ne sont pas en terrés mais empilés dans des alvéoles, peintes pour certaines de couleurs vives, disposés les uns sur les autres pouvant faire jusqu'à 10 étages de hauteur et de largeur, soit une centaine de cercueils.

Un cimetière illégal 

Lors de la croissance de Lima, la population a commencé a s'installer anarchiquement sur les terrains vagues qui entouraient le cimetière, les vivants se mêlant peu à peu aux morts. Pour les proches de défunts, il s'agit de la dernière demeure des pauvres. En effet, dans un cimetière privé, une tombe coûte de 3.000 à 5.000 dollars et il en coûte aussi au minimum 1.000 dollars sur un terrain municipal: hors de portée de la majorité des bourses péruviennes.

Au contraire, à Santa Rosa, les autorités évoquent l'existence d'une agence immobilière informelle appelée "Taboada" qui organise la construction d'une niche pour 250 dollars. "Elle n'a aucune autorisation de fonctionnement et les dirigeants seront poursuivis pour atteinte à la santé publique, mais personne ne les connaît", se désole Doyle Costa, de la municipalité de Callao. Les autorités ont également fermé une prétendue chapelle, où un homme muni d'une Bible facturait aux familles des services funèbres en échange d'un pourboire "volontaire".

Une question de santé publique

Un véritable problème pour la municipalité qui ne sait que faire de ces 20 000 tombes posant problème pour la santé publique. La fermeture de l'endroit avait été demandée depuis 1998 pour absence de normes au niveau de la santé et de la sécurité. Ne disposant pas du budget nécessaire pour le clôturer et empêcher de nouveaux enterrements, la municipalité vient de fermer Santa Rosa.

Mais aujourd'hui le cimetière est tellement grand qu'il en devient même difficile de trouver l'endroit précis où repose un défunt. "Ils ont laissé le cimetière se développer n'importe comment", raconte une femme à la recherche de la tombe de son père pendant trente minutes.