Après «Game of Thrones», Peter Dinklage en grande star dans «Pixels»

par
ThomasW
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Si on ferme les yeux et qu'on écoute sa lourde voix de baryton, on jurerait avoir affaire à une armoire à glace. Quand on ouvre les yeux, on se retrouve en face de Peter Dinklage: 135 centimètres, mais une des plus grandes stars du moment. Sa notoriété, il la doit à la sanglante série fantastique 'Game of Thrones', où il incarne Tyrion Lannister. Mais l'Américain ne rechigne pas devant des rôles plus légers. Dans la comédie 'Pixels', il joue un expert de jeux vidéo avec une coupe mulet.

Cette coupe était-elle votre propre idée?

Peter Dinklage: «Oui. Quand vous avez une telle coiffure, vous n'avez presque plus rien à faire en tant qu'acteur, vos cheveux font tout le travail pour vous. (rires) J'étais inspiré par Billy Mitchell, un célèbre gamer qui, dans les années 80, avait établi des records dans des jeux d'arcade comme Donkey Kong et Pac-man. Et qui était donc le fier propriétaire d'une telle coupe mulet.»

Vous n'avez jamais eu cette coiffure, vous-même?

«Cette coiffure m'a heureusement été épargnée, mais j'ai quand même porté tout un temps une cape de velours noir. A cette époque, étonnamment, je n'avais pas beaucoup d'amis. (rires)»

Space Invaders, Pac-man, Donkey Kong... Vous est-il arrivé de jouer à ces jeux vous-même?

«Oui, bien que je ne puisse certainement pas me qualifier de vrai gamer moi-même. Mais j'aimais vraiment l'ambiance qu'il y avait dans les salles d'arcade. Jouer aux jeux vidéo était totalement différent à l'époque: il fallait sortir de chez soi pour aller jouer. Même quand les consoles de jeu sont devenues populaires, il ne fallait toujours qu'un ou deux amis qui en avaient une: vous alliez alors chez eux et vous jouiez ensemble. Aujourd'hui, les enfants sont tout seul dans leur chambre en train de jouer sur leur console de jeu. C'est bien dommage pour eux.»

'Pixels' est tout autre chose que 'Game of Thrones'. Recherchez-vous délibérément la diversité?

«'Game of Thrones' est mon job principal depuis près de six ans déjà, et c'est une série plutôt... sérieuse. (rires) Je n'aime pas refaire les mêmes choses, c'est la raison pour laquelle je me plonge avec beaucoup de plaisir dans un film comme 'Pixels'. Sinon, vous allez non seulement lasser le public, mais vous allez vous ennuyer vous aussi. On me propose énormément de rôles du genre de 'Game of Thrones'. Mais je pense que je joue déjà dans la meilleure version possible de ce genre, donc: non merci.»

Vous avez maintenant le luxe de pouvoir refuser des rôles. Était-ce déjà le cas avant 'Game of Thrones'?

«Oui. Même si je ne pouvais pas encore me le permettre financièrement. J'ai toujours été très exigeant dans mes choix -snob, on peut dire. (rires) Pour pouvoir payer le loyer de mon petit studio à New York, j'avais d'autres jobs à côté de mon travail d'acteur. Car je ne voulais pas être obligé d'accepter des rôles qui me donneraient le sentiment de me salir. En tant que nain, vous pouvez bien gagner votre vie avec des rôles de nains et d'elfes. Mais ceux-là, je les ai toujours refusés, par principe. Les nains sont, en effet, des personnes aussi. Regardez 'Le Seigneur des Anneaux'. On y voit toutes sortes de créatures fantastiques, dont des nains. Mais les elfes et les centaures, ils n'existent pas vraiment. Les nains, si. C'est la raison pour laquelle j'apprécie tellement mon rôle dans 'Game of Thrones': Tyrion est un personnage de chair et de sang. Et cela, dans une série fantastique en plus -le genre par excellence où les nains sont présentés comme des créatures de contes de fées. J'en suis très reconnaissant à George R.R. Martin (qui a écrit les livres dont s'inspire 'Game of Thrones', ndlr.).»

Vous êtes peut-être bien le personnage le plus connu d'une série télé déjà très appréciée. Le remarquez-vous quand vous vous promenez dans la rue?

«Un jour, j'étais en train de sortir mon chien à New York. Lorsque celui-ci a commencé à renifler un autre chien, j'ai entamé une conversation avec sa maîtresse. Je lui ai bien sûr demandé comment s'appelait son chien: 'Tyrion', m'a-t-elle répondu. (rires) On ne peut que trouver cela amusant. Ce qui est moins drôle, c'est qu'on vous filme et photographie constamment. Vraiment, j'aimerais avoir été connu il y a 20 ans, quand les smartphones n'existaient pas encore. Ce sont de petits appareils d'espionnage. Tout le monde se balade avec une camera en poche, et personne n'estime plus nécessaire de demander s'il peut vous prendre en photo. Et les rares personnes qui le demandent encore, ne semblent pas intéressées non plus de parler un moment avec vous. Ils veulent la photo, c'est tout. Ils ne veulent pas vivre un moment avec moi, ils veulent seulement une preuve visuelle de ce moment -qui en fait n'a donc jamais été un moment. C'est très bizarre. Mais le pire, je trouve, c'est lorsqu'ils me filment en douce alors que je suis au restaurant avec ma femme. On entend parfois des histoires d'acteurs qui flanquent une gifle à ces gens-là... Eh bien, je ne peux leur donner tort dans de telles circonstances.»

Vous avez été très longtemps un underdog. Vous sentez-vous encore comme ça parfois, malgré le succès?

«Tous-les-jours. Car, dites-moi,: que représente mon succès? Il y a aussi des gens qui essaient de guérir les cancers. Des gens qui reçoivent des prix Nobel. Ces gens-là peuvent être fiers d'eux. Nous ne sommes que des entertainers.»Quelle est la chose la plus folle que vous avez lue à votre sujet dans les médias ou sur internet?«Que j'ai une fille qui s'appelle Zelig. Cela se trouve littéralement sur ma page Wikipedia, allez voir! Mais je peux vous assurer -et cela, je ne l'ai encore jamais raconté à un journaliste-: son nom n'est pas Zelig. Je trouve ça une idée hilarante, mais ce n'est pas exact. Son vrai nom, je ne vais pas vous le dire. (rires)»