Vers une nouvelle mobilité à Bruxelles

par
ThomasW
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Bruxelles, ses files, ses particules fines, et ses trajets souvent trop longs. Le chef du groupe MR bruxellois, Vincent De Wolf, ne veut pas voir de fatalité dans ce constat. «Il est possible de faire beaucoup mieux en matière de mobilité», estime-t-il. La solution? Une application capable d'indiquer la meilleure façon de voyager, en combinant trajet en bus, en train, et en Villo!

La ville de Lyon, souvent pionnière en matière de mobilité, vient de lancer une telle app'. Il est encore trop tôt pour en faire un bilan, mais le résultat est séduisant (voir ci-dessous). «La majorité bruxelloise doit s'inspirer de cet exemple», plaide l'élu de l'opposition. «Nous avons déposé une proposition et le gouvernement bruxellois ne peut pas ne pas réagir. L'exemple lyonnais montre comme il est simple de proposer une alternative crédible et efficace à la voiture individuelle.»

Anne-Charlotte d'Ursel, également députée bruxelloise, précise néanmoins qu'il n'est pas question de bannir la voiture. «Il faut laisser le choix à la personne qui doit se rendre d'un point A à un point B. L'application développée par le Grand Lyon propose toujours différentes combinaisons, y compris la voiture… Le système signale à l'utilisateur le temps de trajet estimé et le coût en essence. À chaque fois, c'est plus long et plus cher avec une voiture. Mais cela permet de se rendre compte du temps et de l'argent économisé.» Les élus MR sont d'autant plus séduits qu'ils estiment que 82% des Bruxellois ont un profil multimodal. «Il faudra simplement développer un système de billet unique pour faciliter le passage d'un mode de transport à un autre», ajoute Abdallah Kanfaoui, coauteur de la proposition.

Concrètement, le MR appelle le gouvernement bruxellois à créer un nouveau service, «multimodal.brussels». Celui-ci sera chargé de regrouper les données dont disposent déjà individuellement les différents acteurs de la mobilité (Stib, cambio, SNCB, Villo!…). Ce service public devra ensuite confier à une société privée le développement d'une application qui transforme cette masse de données en information lisible pour l'utilisateur. «La balle est désormais dans le camp de la majorité», concluent les élus libéraux.

Bus, vélos et trains dans une même app' : l'exemple lyonnais

Combiner différents moyens de transports pour se déplacer plus vite: la généralisation des smartphones rend possible de nouvelles façons de circuler. Reportage à Lyon, qui vient de lancer une app' dédiée. «Les transports sont responsables de 30% des émissions de CO2, de nuisances sonores, et l'air pollué qui en résulte pose un problème de santé publique.» Gilles Vesco, adjoint au maire de Lyon, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour critiquer la mobilité défaillante de nombreuses villes. La sienne, pionnière en matière de réduction du nombre de voitures, a enregistré une diminution de 20% du trafic dans le centre-ville en dix ans. Ce recul a permis de reprendre une part de l'espace alloué à l'automobile au profit d'autres moyens de transport, notamment trams et aux trolleybus. «Nous sommes un peu des Robins des bois: on prend aux uns pour donner aux autres», s'amuse l'élu.

La récente application Optimod'Lyon devrait favoriser un nouveau report modal. Comprenez que de nouveaux usagers de la ville profiteront de cet outil pour abandonner leur véhicule au profit de modes de transports plus efficaces. Car avec Optimod'Lyon, l'usager peut compter sur son smartphone pour connaître instantanément, et en tenant compte du trafic, la combinaison de transports la plus rapide. L'élu souligne que la politique menée par l'agglomération lyonnaise n'a rien d'anti-voitures. «Il a été décidé de ne pas aller contre les automobilistes, mais d'aller vers eux», ajoute Jean Coldefy, du service de mobilité urbaine de l'agglomération. «On leur offre des alternatives convaincantes. Et on va aller plus loin, car l'explosion du nombre de données nous offre d'immenses possibilités. On peut être tenu informé en temps réel des bouchons et ralentissements.» Dans ce cas, l'app' recalcule un itinéraire mieux adapté.

Les autorités lyonnaises sont néanmoins conscientes que chaque citoyen qui abandonne son véhicule consent un effort en matière de transport en commun et mobilité douce (vélo, marche à pied). «Cela fait porter une demande supplémentaire sur les métros et les trams», note Jean Coldefy. Ainsi, la baisse du nombre de voitures se ressent essentiellement à l'intérieur du ring, où il est simple et peu coûteux d'offrir des alternatives. En dehors, le succès n'est pas aussi flagrant. «Mais globalement, on circule et on respire mieux. C'est cela qui intéresse nos concitoyens», conclut Gilles Vesco.