Meilleur apprenti de France mais sans papiers, il est reçu au Sénat

par
Laura
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Armando Curri, un jeune Albanais de 19 ans désigné meilleur apprenti menuisier de France, recevra finalement sa médaille mercredi au Sénat qui avait refusé un temps de l'accueillir en raison de sa situation irrégulière.

«L'apprentissage est une voie d'excellence et aussi une voie d'intégration. La République doit toujours donner sa chance à l'excellence, au mérite et à l'exemplarité», a souligné dans un communiqué la secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Artisanat, qui lui remettra «ce titre d'exception».

Obligation de quitter le territoire

Cet habitant de la Loire, inscrit en bac pro dans un lycée de l'agglomération roannaise, était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), qu'il contestait devant le tribunal administratif. Cette OQTF a été abrogée mardi par la préfecture qui lui a délivré une autorisation provisoire de séjour de trois mois. «Au plan des principes, le Sénat, institution de la République chargée d'élaborer la loi, se doit de la respecter. Au plan des réalités, l'apprentissage est une voie d'excellence que le Sénat ne cesse de promouvoir», a indiqué la présidence du Palais du Luxembourg dans un communiqué.

Une réussite qui mérite d'être saluée

Le président du Sénat, Gérard Larcher (UMP) «a décidé, après en avoir informé le ministère de l'Intérieur, de ne pas faire obstacle à l'accueil de ce jeune dans le cadre strict de la cérémonie organisée par la Société des meilleurs ouvriers de France (SMOF)», a-t-elle ajouté, qualifiant la situation d'Armando Curri de «réussite qui mérite d'être saluée».

Le cabinet de M. Larcher avait auparavant expliqué «qu'il ne (pouvait) accueillir en son sein une personne en situation irrégulière» dans le cadre de cette cérémonie. La semaine dernière, la haute assemblée en avait d'ailleurs informé la SMOF, qui avait alors, à son grand regret, demandé à M. Curri de ne pas se joindre aux autres lauréats.

«On ne comprend pas vraiment pourquoi il ne peut pas être présent à cette cérémonie de mise en avant de jeunes qui s'investissent dans des métiers souvent décrits comme des voies de garage», avait déclaré à l'AFP le directeur de la SMOF, Erwan Bouët-Willaumez. Même incompréhension chez le maître d'apprentissage du jeune homme à Saint-Etienne, Joseph Morin. Selon l'Association Nationale des Apprentis de France, Armando Curri, primé en juin dans la catégorie menuiserie-agencement, devait au contraire «bénéficier du soutien plein et entier de notre pays et de ses institutions».

Autorisation provisoire

Arrivé en France il y a trois ans et bénéficiant du statut de mineur isolé jusqu'à sa majorité, il faisait l'objet depuis octobre d'une OQTF lui interdisant de travailler et contre laquelle il avait déposé un recours devant le tribunal administratif de Lyon. Cette mesure a été abrogée mardi en fin d'après-midi par le préfet de la Loire, Fabien Sudry, qui a précisé à l'AFP avoir délivré «une autorisation provisoire de séjour de trois mois» compte tenu «des capacités d'intégration dont ce jeune homme a fait preuve». Titulaire en 2014 d'un CAP de menuiserie à Saint-Étienne, Armando Curri est inscrit en bac pro dans un lycée de l'agglomération roannaise.

Mercredi, 338 médailles d'or seront remises au Sénat aux lauréats des différentes catégories du concours des meilleurs apprentis de France, en présence de M. Larcher et de la secrétaire d'Etat au Commerce et à l'Artisanat, Carole Delga.

Ph: Nicolas Blanzat © Radio France/ Facebook Armando Curri